09 août 2019, 01:40
Ivan en pleine campagne avait été sollicité par un journal local d'Hoysburg pour parler du libertarianisme, afin de ne pas perdre une telle occasion, Ivan avait convié la presse saphyrienne dans le local du MRC pour une interview-conférence de presse qui lui permettrait d'aborder la liberté désirée par le parti.
Thème fondamental et central du Parti.
Journaliste : Bonjour Monsieur Cappelen, nous avons entendu beaucoup de choses provenant du MRC durant cette campagne, des propositions, des promesses mais nous n'avons pas réellement eu votre intervention sur un thème fondamental de notre société qui est la liberté. Bien que vous l'abordiez souvent, ce n'est qu'un thème secondaire de vos discours. Qu'est-ce que serait la liberté dans un Saphyr communiste ? On a souvent reproché aux régimes socialistes d'être liberticides, quelle est la position du MRC sur ce sujet ?
Ivan : Bonjour madame. Je trouve cela intéressant d'aborder la liberté comme thème en soi et non seulement comme un critère dans tout autre thème et c'est assez peu fréquent. Pour notre part, nous pensons au MRC qu'il faut une liberté totale de soi car nous abordons la question sociétale du point de vue individuel. Cependant pour obtenir une liberté de soi convenable, nous sommes obligé de contraindre par exemple l'économie et de la cantonner au strict nécessaire, de manière à ce que le champ de la liberté, s'étendant là où s'éteint les feux de l'obligation, soit le plus vaste possible. Il faut de même interdire les comportements qui causent du tort aux autres.
Nous voyons donc d'une part un état investi et engagée. Mais d'une autre part, nous le dédouanons de beaucoup plus en supprimant toute loi moraliste pour que l'Etat ne juge plus aucune personne sur ce qu'il est ou ce qu'il pense ou ce qu'il fait -tant que ça ne fait du tort à personne- et qu'au contraire, il permette beaucoup plus.
Journaliste : A ce propos, l'ADP mène une campagne active pour un modèle familial traditionnel et pense que l'Etat ne doit pas accorder la liberté aux homosexuels de se marier, ni d'adopter. Pensez-vous que cela fait partie des "lois moralistes" dont vous nous parlez et défendez-vous qu'il faut s'en affranchir ? L'ADP invoque la nécessité d'un père et d'une mère pour l'équilibre de l'enfant, la liberté peut-elle aller au de-là du bien-être de l'enfance ?
Ivan : Je vous en prie, ne commencez pas déjà par dire des stupidités. Où y a t-il écrit qu'un enfant a besoin d'un père et d'une mère ? Nulle part puisque l'enfant peut s'adapter au modèle familiale dans lequel il évolue et qu'il n'a nullement besoin d'un clivage homme/femme pour se développer, c'est du pur conservatisme voire de la propagande réactionnaire. Je vous ferais remarquer que lorsqu'on parle du besoin d'un père et d'une mère pour l'enfant, cette soi disant nécessité impose également à la mère d'être "féminine" et soumise, de rester à la cuisine et impose au père d'avoir le rôle de chef de famille, d'être fort et dominant.
Soyons sérieux ! cette conception n'est que le fruit d'un patriarcat dépassé. Si l'on accepte l'idée que les parents n'ont pas de rôle préconçu alors il n'y aucune nécessité d'un homme et d'une femme. Personnellement je n'adhère pas à cette idée qu'il faut un père macho et une femme soumise pour bien élever un gosse. Et puisque je ne crois pas en l'utilité d'une parentèle normée et stéréotypée, je crois que deux hommes peuvent parfaitement élever un enfant. Regardez dans d'autres pays, ça se fait sans problème !
Pour ce qui est du mariage, là encore, je crois qu'il faut le voir comme la reconnaissance légale de l'amour et non comme le socle familial d'une société patriarcale. Je souhaite que l'on garde nos traditions relatives au mariage mais pas cette fermeture d'esprit. Je ne crois pas que c'est dénaturer nos traditions ou notre identité que de dire que tout le monde a droit à la reconnaissance légale de son amour avec quelqu'un.
Le principal obstacle c'est la Foi Constantine liée au mariage qui en devient sacré. Ce n'est pas nouveau que la religion d'Etat soit un obstacle à la liberté puisque la religion est par définition moralisatrice et quand un Etat adhère à une religion, il se porte garant de l'application d'une morale définie et restrictive. Naturellement il faudra peu s'en soucier pour changer les choses.
Journaliste : Vous parlez de vous affranchir de la Foi Constantine et de son avis pour gouverner, mais la défense de la liberté peut-elle aller jusqu'à renier son identité ? Croyez-vous qu'on doit perdre ses racines pour se libérer ?
Ivan : La question est forte intéressante....pour ma part, je ne crois pas.
Je n'en suis pas sûr, mais il me semble que l'identité n'est pas figée. Le passé est figé, l'identité évolue. Si les identités passées n'avaient pas évoluées, ce ne seraient jamais devenu des traditions, des racines. En vérité, sans changement, nous n'avons pas de racine. Ce n'est qu'en défrichant et en recomposant notre identité et nos racines qu'on offre aux futurs générations des racines plus pures, une identité traditionnelle meilleure. Prenez la plus simple des traditions : la lune de miel. Pour tous ceux qui ont formé celle-ci, il ne s'agissait que de changement, de nouveauté. Dire qu'il n'y a rien de nouveau sous le soleil est absurde. Se cantonner à des identités passées également. Celles-ci sont nées par le changement, il serait stupide de ne pas perpétuer le mouvement.
N'est-il pas stupide de s'accrocher à ce qu'une génération a voulu moderne ?
Il ne s'agit donc pas de perdre ses racines ou son identité mais de perpétuer l'évolution constante de celles-ci. Les conservateurs oublient de le signaler mais toutes nos traditions évoluent, ils sont juste contre une évolution trop rapide. Or cette évolution trop rapide à leur goût, c'est l'évolution de notre temps et nous sommes déjà en retard.
Cependant il est stupide de prétendre que la religion fasse partie de notre identité. Nos parents et grand-parents ont eu beau prier, nous ne sommes pas obligé de le faire, car ce n'est pas identitaire mais décisionnel. La confession est une décision et une décision, ou une volonté même collective n'est pas une identité. Une identité c'est une culture commune, même si religion et culture se confondent parfois, la croyance n'est pas culturelle, chacun doit choisir de croire ou pas. Ce n'est pas parce que l'on est né quelque part que l'on croit à une certaine religion. Par contre c'est parce qu'on a été élevé quelque part que l'on porte en soi, certaines conceptions ou visions des choses.
En somme, la culture née de l'environnement humain dans lequel on naît, on est et on demeure, pas de la Constitution. Séparer la religion de l'Etat pour assurer à chacun la liberté, ce n'est pas anticulturel. C'est contre les us et coutumes politiques mais personnes ne grandit dans un texte de loi ou n'est élevé dans un code pénal que je sache.
Journaliste : Pour rebondir sur l'actualité, des personnalités comme Alexandre Washington n'arrêtent pas d'invoquer l'immigration choisie comme liberté institutionnelle. Nous vous avons entendu fustigé à son encontre en dénonçant une politique liberticide. Mais quelle liberté défendez-vous puisque vous ne défendez pas celle d'un état souverain ?
Ivan : Mais celles des gens bien sûr ! La seule qui compte.
Je défends la liberté de soi, et un état aussi anthropomorphisé soit-il n'a pas de liberté de soi, car il n'est pas "soi". Un état souverain n'a pas tant de liberté mais surtout des devoirs envers les individus en général et les plus faibles en particulier. C'est cela un gouvernement constitutionnel, enfin me semble-t-il. Ce qu'il faut voir sur le cas que vous me présentez c'est ce qu'il y a derrière la théorie. La droite nous exprime sa volonté de choisir son immigration pour convenir à une main d'oeuvre choisie, en somme choisir parmi les réfugiés qui sera le plus apte et le plus dévoué à une tâche ordurière et dégradante par la société que personne d'autre ne veut.
On voit ainsi qu'ils acceptent la liberté pour les nationaux et l'Etat mais vont contre celle des réfugiés qu'ils choisissent comme on choisit une pomme ou un morceau de steak selon notre faim, s'il va nous être utile. C'est déplorable.
D'autant que ces gens-là disent qu'on ne peut pas accueillir la misère du monde mais ignorent combien le Saphyr compte de réfugiés ou combien de réfugiés en tout sont accueillis le coeur sur la main par les autres pays. Il ne s'agit pas d'une politique au nom de la liberté de l'état souverain mais une politique xénophobe et liberticide en cela qu'elle n'accorde pas aux réfugiés que la liberté de choisir entre le travail mal-payé et dégradant ou le charter. Vous comprenez que le MRC ne puisse que s'indigner de pareil comportement et ne puisse que défendre la liberté des individus et ce sans distinction possible.
Il appartiendrait aussi à la liberté de l'état souverain de castrer ses basanés, ses mates et ceux qui sont d'une ethnie différente pour perpétuer le mythe de la race blanche, mais cela irait contre la liberté individuelle. Que ce soit dans le cas présent ou dans tout autre cas échéant, on ne peut que constater que la liberté d'un état n'est que la parure de l'autoritarisme et de l'arbitraire contre la liberté individuelle ; la seule qui soit naturelle, la seule vraie, la seule véritable, la seule qui compte en somme.
Journaliste : Nous sommes arrivés à la fin de cette interview. Merci à vous d'avoir accepté de nous recevoir.
Journaliste : Merci à vous d'avoir consacré de votre temps à l'écoute de mes réponses rarement très succinctes.