16 juil. 2020, 05:53
DISCOURS SUR L'AUTORITÉ DE L'ÉTAT 179
Le Mouvement Révolutionnaire Citoyen continuait sa tournée électorale sans faiblir, ni faillir. Ivan était de retour à Doyle pour défendre le bilan sécuritaire de l'autorité publique ainsi que l'application concrète des mesures de protection de l'État à l'encontre des groupes séditieux. Il avait passé la journée auprès des Gardes Nationales locales et avait discuté avec elles de moyens offerts par l'État pour leurs missions et de la rétraction des violences par rapport au lancement des Gardes Nationales sur le territoire nationale. Il arriva sur une scène montée dans ce grand parc, qui faisait face au commissariat de police où siégeait la Garde Nationale contre les violences intra-familiales et identitaires, par un heureux hasard.
Mes chers compatriotes !
J'ai entendu dire que la population était amochée par ma mandature et qu'avec sa condition dégradée s'était ensuivi une vague de contestation et de protestation de la politique communiste et socialiste. Je suis heureux de constater que ce que les bruits qui courent dans les souricières ne sont qu'éventements putrides d'égouts. Non, mes amis, quand je vous vois, je suis convaincu que notre politique n'a pas fléchi, que nos efforts n'ont pas été dépensés en vain et que nous avons su agir dans l'intérêt général. Contrairement aux affirmations fausses qui diront que l'État est devenu un bibendum, obèse et incapable de faire entendre sa voix auprès de populations tapageuses et scélérates. Il n'en est rien, aucunement et d'aucune manière. Rien n'est plus faux et mensonger que de dire, prétendre, affirmer, répéter, persister et signer que le gouvernement n'a rien fait pour imposer son autorité sur toutes les sphères de la société et apporter mêmes aux cercles les plus réfractaires et intouchables du pays, les bienfaits de sa politique moderne.
Quand j'étais venu vous voir, il y a quelques années, j'avais dit que l'autorité de mon gouvernement serait une autorité juste et équitable qui utiliserait sa puissance aussi loin qu'il sera utile d'en faire usage. Je n'ai pas menti, j'ai accompli exactement ce que j'avais dit que je ferais. La planification environnementale et économique. L'assistance sociale développée, particulièrement pour les victimes, mais y compris dans les prisons. Le développement de la fonction publique qui s'étend de la santé au droit, en passant par l'université, la gestion du logement social, la planification économique, la lutte contre l'inégalité et la protection des victimes, et qui s'est enrichi de centaines de milliers d'emplois. Et comme promis, ce fut tout. Il n'y a pas eu de patrouilles à chaque coin de rue, cependant que fut développé des Gardes Nationales pour protéger la population et supprimer les violences intrafamiliales et identitaires. L'autorité juste de l'État n'est pas une autorité passive, elle doit faire usage de la coercition quand il en est besoin et c'est ce que j'ai fait. Qu'on ne vienne pas parler de laxisme quand on voit les 40 000 gardes nationaux qui quotidiennement garantissent à nos concitoyens l'intervention contre les sectes de tout poil et de toute obédience ; qu'on ne vienne pas parler de laxisme quand on vient ces 40 000 hommes et femmes qui luttent pour le maintien de la paix, empêchant chaque jour que le bras du mari aviné ne s'abatte sur l'épouse éplorée, que le couteau du militant de la droite homophobe ne vienne perforer le poumon du jeune homosexuel pris en étaux, que le poing du sectaire eibadiste croyant au califat de Dawwfiq plus qu'à sa religion ne fracasse le visage du constantin qui passait par là. Nous n'avons aucune tolérance pour les intolérants, pour les dangers publics, les individus violents qui perpétuent le phénomène de violence et de déraisonnement.
Nous n'avons pas de tolérance mais nous avons une compréhension du phénomène. Je sais parfaitement que si un adulte est violent, c'est bien souvent car l'enfant qu'il a été a connu cette violence au sein même de son foyer. C'est le cas pour un condamné sur deux, pour acte de violence. Je sais parfaitement que si un adulte est violent, c'est le reste du temps car il connaît une situation psychologiquement violente, repoussé dans les derniers recoins de l'existence, entre la misère et le crime. L'autorité publique qui est honnête doit donc, tout en combattant l'accomplissement de ces actes intolérables, veiller et oeuvrer à la résolution des problèmes qui en sont la cause. Pour la première, nous avons lancé le Plan d'Enrayement de la Violence, armé de sa Garde Nationale de lutte contre les violences identitaires et familiales, forte de 30 000 agents de terrain. Pour la seconde, j'ai décrété sur l'organisation générale des peines, des quotas de psychologues ou psychiatres, d'assistants sociaux et de séances hebdomadaires minimales pour chaque détenu. En plus de cela, nous avons offert un logement à tous, bien qu'il demeure des personnes qui ne possèdent ou ne louent pas légalement de foyers. Il ne se trouve plus aucune personne à la rue au Saphyr mais des personnes dépourvues de domicile fixe personnel. En planifiant les objectifs économiques, j'ai fait le voeu de parvenir à la limite de 2 000 individus dans cette situation d'ici cinq ans, et si vous votez de nouveau pour un gouvernement de gauche, la solution sera toute trouvée pour y parvenir : offrir à chaque personne en difficulté, la location gratuite d'un des logements réquisitionnés par l'ALPP, dans la limite de ce que les logements soient adaptés aux individus et foyers concernés. Ni trop grands, ni trop petits.
Quant à la pauvreté, par la création d'emplois nombreux, d'emplois protégés ; par le rapprochement de l'âge de la retraite, nous avons libéré des emplois d'une part, des emplois qui protègent définitivement de la pauvreté. Nous ne sommes pas un pays où un tiers des travailleurs ont un contrat précaire, et où un travailleur sur cinq vit dans la pauvreté. Tous les travailleurs et les travailleuses du Saphyr échappent à la pauvreté. L'État est autoritaire dans ce domaine. Oui, Madame Sullivan-Petersen, nous autres communistes sommes des autoritaires en selon que nous défendons une autorité publique qui impose que le travail nourrisse son homme ou sa femme. C'est assez paradoxal et drôle à la fois. Drôle car c'est notre vision qui s'applique, sinon ça serait dramatique. La droite voudrait déréguler absolument, et amincir l'État obèse pour créer plus d'emploi et moins de pauvreté. Elle oublie de dire que si notre État est obèse c'est parce que tout le monde vit dans une certaine forme de suffisance. Les conséquences de sa politique sont très claires : pauvreté et chômage. Je m'explique. Qu'avons-nous fait, nous autres engraisseurs de l'État ? Nous avons valorisé le travail en interdisant le licenciement sauf cas de faillites et fautes graves et en limitant la distribution de dividendes et de hauts-salaires, ce qui a mécaniquement augmenté les cotisations sociales, car l'argent était plus reversé en revenus soumis aux cotisations. Ce qui a mené nos caisses à être suffisamment pleines pour distribuer d'importantes sommes aux plus démunis et aux retraités. La valorisation des retraites et des aides sociales a créé une demande nationale à laquelle l'offre nationale a répondu, créant ainsi plus d'emplois. Cette création d'emplois a encore augmenté les cotisations sociales, suffisamment pour abaisser l'âge de la retraite et revaloriser les salaires.
Cette dernière action va libérer des emplois pérennes, tout en augmentant la valeur de la cotisation de chaque travailleur, de quoi alimenter les retraites qui ont été valorisées. Nous sommes dans un cercle vertueux qui a permis d'augmenter considérablement le niveau de vie des couches les plus basses de la société, tout en maintenant une croissance forte. Car nous avons une demande intérieure forte et une offre intérieure adaptée ; en augmentant les ventes sur notre sol plutôt que chez nos voisins, nous augmenté nos moyens et donc nos investissements. Ce cercle vertueux va mener notre société à devenir de plus en plus égalitaire et prospère.
Cependant des troubles-fêtes font entendre leurs trompettes funestes et veulent libéraliser à tout va. Notamment parce qu'ils possèdent eux-mêmes des milliards de capitaux. Et cela les dérange drôlement quand ils boursicotent que la croissance soit axée sur les couches les plus basses en enrayant celle des plus riches. Ils veulent naturellement enrayer la croissance pour les plus modestes afin d'axer le développement économique sur eux-mêmes. Pour cela, ils couperont dans les minimas sociaux, dans les salaires minimaux et dans les retraites. Ce qui provoquera un déséquilibre entre l'offre, semblable à elle-même et la demande, devenue bien ridicule. L'offre devra faire des réserves, ce qui lui coûtera des frais qu'elle devra équilibrer par l'augmentation des prix alors même que le pouvoir d'achat des saphyriens sera amenuisé. C'est ce qu'on appelle la crise de surproduction ; la mise cote à cote de masses sans le sou et de productions trop chères qui s'entassent, la mise cote à cote de masses dans le besoin et de produits en nombre plus que suffisant pour répondre aux besoins, mais inaccessibles car trop coûteux.
Eh bien non, mesdames et messieurs les capitalistes ! Le pays est une autorité forte et indépendante qui agit dans l'intérêt commun ! Vous ne ferez pas de notre bel État, la machine à vous enrichir en écrasant les hommes sous vos fortunes écrasantes ! L'État, ce n'est pas les pauvres. L'État, ce n'est pas les riches. C'est tout à la fois. C'est tout en même temps. L'autorité publique doit concilier les intérêts des uns et des autres souverainement. L'État des riches, ça serait le libéralisme et la dérégulation, la droite et le centre en somme. L'État des pauvres, ça serait la destruction immédiate de l'État et l'égalité forcée, c'est l'anarchie. Il faut savoir être modéré et agir avec modération, car l'autorité nationale n'est pas le joujou des lubies romantiques des uns ou des autres.
Face à la situation économique actuelle, il faut reconnaître que mon gouvernement a fait de notre pays, une puissance consommatrice et une puissance productrice, parvenant à un équilibre vis à vis du monde. Si demain, nous souhaitons renforcer trop notre monnaie par la valorisation trop importante du travail, nous deviendrions une puissance consommatrice qui fait mieux d'importer que de produire et cela fonderait le règne du chômage de masse puis de la misère pour les uns, et de l'abondance abjecte pour les autres, une infime minorité. Si demain, nous souhaitions renforcer notre production par la compétitivité, notre consommation ne suivrait plus et nous serions obligés d'exporter, tout en dévaluant notre travail pour devenir concurrentiels par rapport aux pays développés, puis doucement vers des pays de moins en moins développer, ce qui mènerait notre nation vers la sous-traitance et l'exploitation pour le compte d'une puissance étrangère. Personne ne propose la valorisation excessive du travail mais le PI, la CMD ou l'ADP proposent la dévaluation du travail. Ce n'est pas une politique économique, nous devons tendre à l'équilibre entre ce que nous produisons et ce que nous consommons. L'État, comme avec sa planification que la gauche porte, doit imposer cette modération sans quoi les appétits gargantuesques des plus fortunés qui se croient les plus forts viendront saccager nos terres et nos travailleurs pour le compte de puissances étrangères. La main de fer sur l'économie, la voilà la solution pour garder notre indépendance, la paix, le progrès et la prospérité.
La force de notre État c'est justement l'usage modéré et raisonné de sa puissance. Le gouvernement socialiste -car les communistes sont aussi des socialistes- que j'ai eu l'honneur de présider jusqu'à aujourd'hui vous l'a prouvé. Réitérez-lui votre confiance et vous ne serez pas déçus. Comme vous n'avez pas été déçu lors des dernières élections, à propos de mon premier mandat comme Président du Conseil. Ne laissez pas être corrompue l'autorité du peuple, ne laissez pas être corrompu la main armée du peuple par des ploutocrates désireux uniquement de se remplir les fouilles en regardant mourir leurs concitoyens la gueule ouverte. Par inconscience, manque de connaissances, imbécillité ou malhonnêteté, nos principaux opposants ont décidé de proposer une politique dans leurs intérêts uniquement ; ne les laissez pas obtenir satisfaction. Si vous ne voulez plus des communistes, exigez un programme pour le Saphyr et non pour le compte en banque de la famille de la Présidente du Conseil.
Vive le Saphyr !