Studio de Radio Élégance

[On Ji-Hae]

Radio Élégance est une radio locale exclusivement diffusée en Skadie. Ayant son siège à Doyle, elle diffuse essentiellement des émissions culturelles et des talk shows. Elle est orientée à droite, souvent affiliée à la tendance conservatrice.

[On Ji-Hae]

15/07/179 - Débat radiophonique entre On Ji-Hae (GRP) et Karolina-Tilda af Adlercreutz (PI)
Dans le cadre des élections générales de 178, Radio Élégance organisait, du lundi au vendredi, une émission intitulée "Le choix vous appartient" sur la plage 12H-14H. Animée par la magnifique Andrea Entquist, cette diffusion consistait en une revue des différents programmes des candidats aux élections générales, et tout spécialement ceux de droite. Ce jour-là, le producteur avait décidé d'organiser un débat entre un représentant du Parti Impérial et un du Grand Rassemblement Patriote. Karolina-Tilda af Adlercreutz, responsable de la Jeunesse du Parti Impérial et On Ji-Hae, tête de liste du Grand Rassemblement Patriote, avaient répondu positivement à l'appel.

Ce débat serait orienté sur l'actualité diplomatique et la défense. Cela arrangeait les deux partis, qui n'avaient pas encore introduit leurs projets respectifs sur cette thématique durant cette campagne. Si rien n'avait été convenu entre les deux représentants, tous deux avaient en tête qu'il était dans leur intérêt de ne pas s'opposer trop violemment, dans la mesure où une alliance de la droite pour former une majorité pouvait apparaître comme une option envisageable. C'était toutefois sans compter sur la charismatique animatrice, qui avait pour réputation de ne jamais hésiter à pousser ses invités dans leurs retranchements ou de les mettre face à leurs contradictions !


Andrea Entquist / Bonjour à tous nos auditeurs ! Comme tous les midis en semaine, j'ai le plaisir de vous accueillir pour "Le choix vous appartient", notre programme centré sur les élections générales à venir. Aujourd'hui, je suis en compagnie de Karolina-Tilda af Adlercreutz, membre du Parti Impérial et On Ji-Hae, du Grand Rassemblement Patriote. Bienvenue à tous les deux dans nos studios. Nous allons, durant cette émission, essentiellement parler de l'actualité diplomatique et de la défense. Quels sont vos programmes respectifs en ce sens ? Quelles sont les différences entre vos deux approches qui, de prime abord, semblent quasiment identiques ? C'est ce que nous allons voir !

On Ji-Hae / Bonjour Andrea et merci pour votre accueil ! Je ne regrette vraiment pas d'être présent ici avec vous. L'équipe du studio est charmante, et l'animatrice de l'émission l'est encore plus ! (rires)

Karolina-Tilda af Adlercreutz / Diantre, il ne lui aura pas fallu beaucoup de temps pour se montrer malcommode. Je ne sache pas qu'un dignitaire politique puisse se permettre une telle salacité !

Andrea Entquist / Allons ! Je compte sur vous pour ne pas faire dévier le débat dès le début ! (rires) Bien, attaquons dans le vif du sujet avec une actualité brûlante. Suite à la capture et à l'assassinat de journalistes saphyriens par les terroristes eibadistes du Front al-Muhammadi au Dawwfiq, le Président du Conseil Ivan Cappelen a pris la décision d'engager notre nation dans un trinôme avec Novgrad et Ostaria, afin officiellement de venir à bout de ce Califat. Quelles sont les positions respectives de vos deux formations concernant ce conflit ?

Karolina-Tilda af Adlercreutz / Je n'adopterai pas de discours hâbleur quant à cette opposition. Il fallait naturellement que le Saphyr illustre sa fermeté face à la rancissure eibadiste, cela va sans dire. Les guerriers de cet autoproclamé Calife ont assassiné gratuitement des citoyens saphyriens et ont, en plus, opéré un ignoble chantage pour nous soutirer quelques millions. Alea jacta est, dirait-on. Ces agissements constituaient une véritable déclaration de guerre à laquelle il fallait répondre. Maintenant, si je ne suis guère étonnée que le Président Cappelen ait fait le choix d'agir dans le giron des Communistes, je m'interroge sérieusement sur cette stratégie. Nous connaissons tous la manœuvre d'extension territoriale et politique que l'Union de Novgrad amorce depuis plusieurs années. Nous sommes de ce fait en droit de nous interroger sur les velléités réelles de ses dirigeants : cette guerre n'est-elle qu'une vengeance légitime quant aux actes des Eibadistes ou, au contraire, dissimule-t-elle un projet cryptique, à savoir celui d'intégrer ce territoire de l'Asnaywana dans le rotoplot de l'Internationale communiste ? Je crains la seconde potentialité soit la bonne. Et du coup, le Saphyr serait complice de cette stratégie de propagation du communisme. Ce n'est en aucun cas acceptable et donc, c'est absolument sans fard que le Parti Impérial préconise de plutôt combattre aux côtés de la Fédération Unie, dont les intentions semblent bien plus louables.

On Ji-Hae / Oui, je rejoins totalement Madame af Adlercreutz sur ce point. Nous savons la fascination de Cappelen pour l'Union de Novgrad, nous savons aussi que ses préceptes communistes sont en tous points identiques à ceux du despote novgradois. Aujourd'hui, nous pouvons affirmer que le Saphyr, tout comme Ostaria d'ailleurs, sont devenus de véritables laquais de Novgrad, de simples serviteurs au profit du pire. Moralement et philosophiquement, ce seul point constitue déjà une humiliation totale pour le peuple saphyrien. Notre pays s'est transformé en une simple puissance supplétive alors qu'il doit, dans les faits, représenter une grande puissance : souveraine, libre de ses choix et ferme face à ses agresseurs. Ce que le GRP veut, c'est avant tout que nous nous libérions du fardeau communiste pour être à nouveau libre de faire nos propres choix géostratégiques. Alors, je ne vous surprendrai pas en vous disant que si nous accédions aux plus hautes fonctions, l'alliance militaire avec Novgrad en Asnaywana et plus généralement, son alliance tout court serait immédiatement rompue. Toutefois, là où notre point de vue diverge de celui du Parti Impérial, c'est que nous ne voulons pas nous libérer d'un bourreau pour se mettre au service d'un autre. Pourquoi rejoindrions-nous forcément la Fédération Unie au Dawwfiq ? Soyons un peu ambitieux : nous sommes une grande puissance, y compris sur le plan militaire. Nous n'avons pas besoin de suivre qui que ce soit pour déboîter les ordures eibadistes. Nous pouvons coopérer de temps en temps, mais faisons-le tout en déployant notre propre stratégie ! Ni Novgrad, ni Fédération Unie. Seulement le Saphyr !

Andrea Entquist / Vous explosez tous les deux des projets résolument hostiles au communisme. Nous pouvons le comprendre. Ne craignez-vous pas que le revirement que vous opérerez si vous accédiez au pouvoir n'attire au Saphyr l'hostilité de cette inquiétante puissance communiste ? N'avez-vous pas peur que les conséquences ne forment une sorte de conflit indirect à deux blocs, l'un communiste et l'autre libéral ?

Karolina-Tilda af Adlercreutz / Je vous rejoins sur le premier point : oui, nous pouvons craindre que Novgrad démontre une adversité assez importante à notre endroit. Je rappelle que la violence et le conflit font intrinsèquement partie de la doxa communiste et qu'en plus, cette nation est dirigée par un véritable despote visiblement animé par la folie des grandeurs. Néanmoins, nous sommes le Saphyr. Nous avons confiance en notre armée, en nos hommes pour défendre notre nation face à tout type d'agresseur, qu'il soit novgradois, eibadiste ou autre. Nous sommes capables d'apporter une réponse diplomatique et, s'il le faut vraiment, militaire face à Novgrad. Je ne nourris absolument aucun doute à ce propos. Toutefois, je tiens à dire que cette éventualité ne vaut qu'en cas d'agression. Dans les faits, le Parti Impérial reste favorable à une neutralité totale envers l'Internationale. Pour la seconde partie de votre question, je vous répondrai volontiers qu'en réalité, la géopolitique mondiale est déjà animée par une véritable dichotomie entre les nations du monde. Et c'est normal ! Il y a les nations communistes et despotiques, qui s'alignent fort logiquement au sein de l'Internationale communiste, et les nations ouvertes au monde qui sont animées par un esprit d'ouverture aux échanges ainsi que par une volonté d'imposer la paix. Le véritable objectif, ce serait de faire en sorte que le bloc communiste soit infériorisé, que son influence diminue. L'impérialisme communiste est ce qui se fait de pire, l'actualité récente, en Asnaywana, à Narois ou ailleurs, l'a parfaitement démontré.

On Ji-Hae / Novgrad et tous ses alliés n'ont qu'à bien se tenir s'ils osent être hostiles, d'une manière ou d'une autre, au Saphyr ! Si le GRP est aux commandes, je peux vous dire que nous allons les farcir comme des chapons, ces turpides prosélytes de la dictature ! Nous n'aurons jamais peur de qui que ce soit. Nous avons une armée forte, que nous renforcerons numériquement et au niveau du matériel pour en faire une véritable armée de défense. L'aspect dissuasif en lui-même devrait être suffisant pour calmer les ardeurs des Communistes. Par contre, nous ne sommes pas du tout d'accord sur l'idée des deux blocs. Comme je l'ai dit tout à l'heure, nous n'allons pas nous libérer d'un fardeau pour en porter un autre. Notre projet diplomatique est celui de la troisième voie : nous ne suivrons ni les Communistes, ni les Libéraux. Donc en l'espèce, ni alignement sur Novgrad, ni alignement sur la Fédération Unie. Le Grand Rassemblement Patriote compte avant tout sur une économie nationale suffisamment forte et souveraine pour que nous n'ayons pas besoin d'aller nous accoquiner avec ceux-là. Bien sûr, nous n'exclurons pas les échanges avec ces deux nations, mais ça s'arrêtera là. Sur le plan géopolitique, je pense que le Saphyr, pour prouver sa grandeur, doit au contraire se recentrer sur lui-même et adopter une position de neutralité, de non-interventionnisme dans tout différend international qui ne concerne pas directement ses intérêts. Agir au Dawwfiq est nécessaire pour exploser nos agresseurs, par contre jouer les va-t-en guerre impérialistes comme l'ont récemment fait les Ostariens, c'est absolument hors de question. L'armée est financée par nos contribuables, il ne faut donc qu'elle n'agisse que dans l'intérêt des citoyens saphyriens.

Andrea Entquist / Le Parti Impérial semble plutôt être favorable à une ouverture au monde tandis que le Grand Rassemblement Patriote prône une souveraineté nationale importante. Si demain, comme l'on pourrait l'entrevoir en cas de bons scores des trois partis de droite, vous veniez à collaborer ensemble au sein d'une majorité d'union des droites : comment feriez-vous en sorte de concilier ces deux points de vue sommes toutes très antagonistes ?

Karolina-Tilda af Adlercreutz / Il est trop tôt pour y répondre, pour le moment nous nous concentrons sur la promotion de notre projet politique et sur rien d'autre. Ensuite, ce sont les électeurs qui auront à charge de choisir. Pour ne point paraître revêche, je vais toutefois vous apporter un élément de réponse. Je ne pense pas que nos deux philosophies soient si opposées que vous ne semblez le penser. Attention : le Parti Impérial est imprégné, également, de la volition de demeurer souverain. Il est hors de question que nous nous laissions dicter nos choix par des puissances extérieures. Mais là où je ne suis pas d'accord avec Monsieur Ji-Hae, c'est sur la manière d'exprimer ce souhait de pleine souveraineté. Je pense que souveraineté ne rime pas avec renfermement sur soi-même. Ce que nous voulons, c'est nous rapprocher des puissances monarchiques, qui sont à notre sens les alliés potentiels les plus fiables. Nous comptons également reconstruire l'influence diplomatique du Saphyr, en renforçant nos liens avec d'anciens partenaires tels que Carlomania, ou encore avec Narois. Nous voulons constituer une voix qui porte sur le plan international, c'est aussi en ce sens que nous participerons à la lutte internationale contre le terrorisme et agirons au sein de la CINS pour nos intérêts. Je ne vois pas en quoi ce projet pourrait remettre en question notre souveraineté ? Il faut que l'on m'explique.

On Ji-Hae / Et je vais vous l'expliquer chère Madame ! À partir du moment où nous nous mobilisons pour servir davantage que les intérêts de nos concitoyens, nous renonçons en quelque sorte à notre pleine souveraineté. Prenons par exemple la lutte internationale contre le terrorisme dont vous parlez. Cette dernière implique bien davantage qu'une coopération entre services de renseignements. Elle implique de mobiliser des fonds, fonds qui ne servirons pas exclusivement à la défense des Saphyriens contre le terrorisme. Nous sommes tout à fait capables de nous protéger du terrorisme seuls, sans compter sur le concours de quelconque organisation ou nation étrangère. Mettons en place une politique de sécurité intérieure drastique, quitte à y mettre les moyens. Au moins, ces moyens ne seront mobilisés que pour les Saphyriens. Ce que je veux dire par là, c'est que vous semblez omettre un pan important de la notion de souveraineté. Être souverain, c'est à la fois ne dépendre que de soi et n'agir que pour les siens. Les idées que vous développez vont à l'encontre de ce principe. Je ne dis pas qu'il faille isoler le Saphyr et le priver de toute relation positive avec d'autres nations. Je dis simplement que nous ne devons le faire que quand cela sert avant tout nos intérêts. Rétablir le dialogue perdu avec Narois et Carlomania, par contre, est une bonne idée. Nos liens avec ces pays ont été impactés par les conflits et par l'obnubilation de Cappelen pour ses partenaires communistes. Et, à un moment donné, sur le plan économique, culturel ou scientifique, par exemple, les conséquences ont été préjudiciables.

Andrea Entquist / Nous avons beaucoup parlé de diplomatie et de géopolitique, et comme il ne nous reste plus beaucoup de temps, je vous propose de passer au sujet des armées. Quels sont vos projets respectifs pour les armées du Saphyr ?

Karolina-Tilda af Adlercreutz / La première chose à faire est un diagnostic complet des forces et des faiblesses des différents corps de notre armée. En matière d'organisation, d'administration, d'équipements, de formation et d'hommes. L'armée saphyrienne doit être à la hauteur de sa puissance réelle. Aujourd'hui, ce n'est pas vraiment le cas car Ivan Cappelen a consenti peu d'efforts dans sa modernisation. Il faut aussi que nous revoyions nos priorités. Mobilisons moins nos hommes à l'étranger quand cela n'est pas nécessaire, et faisons-le davantage en matière de sécurité intérieure, dans laquelle les armées ont un véritable rôle à jouer. Une coopération entre les polices et les armées est, par exemple, nécessaire en matière de lutte contre l'eibadisme fondamentaliste, qui a déjà tué il n'y a pas si longtemps au Saphyr et qui tuera très certainement à l'avenir si nous ne le neutralisons pas. Cette stratégie passe également par la destruction de son État-Major, je le conçois. L'État-Major de l'eibadisme radical, aujourd'hui, se trouve au Califat du Dawwfiq. C'est aussi pour cela qu'il est important d'agir de la bonne manière là-bas car nous sommes une nation exposée au terrorisme. Je voudrais également aborder un autre point : celui de la reconnaissance que nous devons avoir envers ceux qui se sont battus pour le Saphyr, pour son intégrité et sa liberté. Je pense tout particulièrement aux vétérans de la Guerre du Lac, que nous n'avons jamais honorés à leur juste valeur. Le Parti Impérial n'hésitera pas à mettre en place une journée annuelle particulière qui sera dédiée à leur encensement. Nous le leur devons bien !

On Ji-Hae / Le Grand Rassemblement Patriote pense qu'il faut investir massivement dans le matériel militaire. Il faut particulièrement le faire en ce qui concerne nos dispositifs de défense antiaérienne : je rappelle que l'objectif est avant tout de nous protéger des menaces extérieures, et donc des missiles. Pour cela, il nous faut miser sur les dernières technologies et sur l'innovation en armement. Nous proposerons par exemple de mettre en place ce que l'on appelle un "dôme de fer", à savoir un système antiaérien conçu pour intercepter des roquettes et obus de courte, moyenne ou longue portée. De nos jours, la menace militaire provient davantage du ciel que de la terre. Alors il nous faut nous préparer en ce sens ! Ensuite, nous voulons bien évidemment renforcer le corps des gardes-côtes, car la menace peut aussi provenir de la mer. Je rappelle que si nous prenons un bateau depuis la côte palatinienne et allons tout droit en direction du Sud-Est, nous tombons sur Nouvelle Vie Écologique, ce faux État dirigé par un terroriste écologiste qui constitue accessoirement l'une des plaques tournantes mondiales du trafic d'armes. Nous dormirons bien mieux sur nos deux oreilles en nous sachant parfaitement protégés de ce type de menace potentielle. N'oublions pas, enfin, la menace que constitue perpétuellement la dictature du Borowen. Là encore, il nous faut beaucoup plus perméabiliser la frontière entre la Skadie et ce pays ennemi, cela vaut aussi pour l'Orcadie. Nous prônons une présence militaire encore plus importante à ce niveau-là, il ne faudra pas hésiter à recruter des gardes frontaliers, à mieux les former et à les équiper comme il se doit.

Andrea Entquist / Et ce sera donc le mot de la fin. On Ji-Hae et Karolina ad Adlercreutz, je vous remercie d'avoir répondu à mes questions. Et comme on dit, c'est à nos auditeurs que désormais, le choix appartient ! Je vous donne rendez-vous dès demain, à midi, pour une nouvelle émission. Portez-vous bien !

[Linda Vaernes]

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Après un peu plus de 7 ans à la tête de la Principauté de Skadie, Linda Vaernes était parvenue à devenir la patronne incontestée de la CMD locale. Elle avait réussi parfaitement à combler le vide laissé par les ambitions fédérales de son prédécesseur et ancien patron, Børre Hegland. Contrairement à de nombreux autres élus de la CMD dans les autres territoires, elle n’avait aucune intention fédérale et voulait seulement continuer de diriger sa Principauté. Après deux mandats, elle avait encore énormément d’énergie et était prête à rempiler encore pour de longues années.

Elle avait choisi de mener une campagne de proximité, pas une campagne à fort retentissement fédéral. C’était donc naturellement que son premier évènement de campagne serait une intervention lors d’un débat organisé en public par Radio Élégance, une radio diffusée exclusivement dans la Principauté, sur la question de la fin de vie. Plusieurs responsables associatifs ou encore politiques avaient le droit à une intervention de 5 minutes pour défendre leur point de vue sur le sujet. Après avoir écouté les deux intervenants prévus avant elle, la Ministre-Présidente prit le micro et se leva pour la durée de son intervention.

Bonjour à tous.

Je suis très heureuse d’être ici aujourd’hui pour évoquer ce sujet si intéressant et important. Je remercie d’abord Radio Élégance d’organiser cet évènement et tous ceux qui y participent d’être là également. Ce genre d’évènements est une des plus belle manière dont la démocratie s’exprime. Nous dialoguons, nous échangeons nos idées et nous essayons de nous focaliser sur les enjeux. Je suis donc ravie d’être ici, et surtout pour parler de ce sujet de la fin de vie qui cristallise les tensions. C’est justement sur ce genre de sujets clivants qu’il est essentiel que nous échangions nos arguments de manière posée.

Si la fin de vie est un sujet si clivant, c’est d’abord parce qu’il touche aux convictions religieuses de certains qui définissent la vie comme sacrée. Et nous ne devons pas oublier que dans une Principauté comme la nôtre, plus de 60% des citoyens sont constantins au sens large, quand bien même tous les croyants n’ont pas nécessairement la même vision du caractère sacré de la vie. Je pense personnellement que la religion peut guider les choix individuels de chacun, mais qu’elle ne peut pas dicter les choix et les droits de la société. Je peux par exemple concevoir que certains ne puissent pas accepter le mariage homosexuel pour eux-mêmes pour des raisons religieuses, mais cela ne doit pas l’interdire pour les autres. De la même manière, si je comprends les réticences religieuses de certains sur la question de la fin de vie, je pense que nous devons laisser chacun prendre la décision qu’il estime être la meilleure pour lui même.

Pour moi, au delà des questions bioéthiques et au delà des questions religieuses, ce doit être la volonté du patient qui doit primer en toute circonstance, d’autant plus quand la décision en question ne générera pas de dommages à autrui. Je crois fermement en la liberté, c’est même la valeur cardinale du mouvement politique dont je suis membre. Nous défendons en permanence l’idée de liberté, dans la société comme dans les milieux économiques. Nous voulons faire confiance d’abord aux individus. Nous devons d’abord laisser chacun prendre les décisions qu’il juge être les meilleures pour lui même, pour son confort et pour sa santé.

Aussi, si comme je l’espère je suis réélue Ministre-Présidente de Skadie, j’engagerai un travail législatif avec le Secrétaire à la Santé pour élaborer un texte qui permette une aide active à mourrir pour les patients qui le souhaitent, avec évidemment pour principe de respecter absolument le souhait du patient, quel qu’il soit. Afin que chaque patient dispose de toutes les options pour faire un choix libre et pleinement basé sur sa situation et sa conscience, nous nous assurerons également que les services de soins palliatifs disposent de suffisamment de moyens pour accueillir tous ceux en ayant besoin. Notre objectif est, encore une fois, de permettre à chacun de faire le choix qui correspond tant à sa situation qu’à ses croyances. Je suis persuadée que c’est le meilleur moyen de trouver un compromis sociétal, en permettant à chacun d’exercer sa liberté individuelle à choisir pour lui-même.

C’est donc la proposition que je porte à la tête de la liste de la Coalition des Mouvements Démocrates dans cette campagne pour ma réélection. J’espère que, comme lors des deux dernières élections, je saurais convaincre suffisamment d’entre vous que le travail que je mène est nécessaire et utile et qu’il mérité d’être poursuivi.

Merci à tous.

La Ministre-Présidente fut applaudie par une partie du public à la fin de son intervention. Elle regagna son siège pour écouter les intervenants suivants. À la fin du débat, elle répondit à quelques demandes de selfies dans le public avant de quitter les lieux.