
Sommet sur l'unification oxanne
Château de Pavhlovar, État Libre d'Adolynie
24 octobre 242 - 10h00
Nombreux et pressants avaient été les préparatifs avant l'arrivée d'un des plus importants sommets de la décennie pour la diplomatie phoécienne, dans ce qui était un château qui avait été pratiquement laissé à l'abandon pendant presque un siècle. Si la Maison impériale n'avait pas lésiné sur les moyens pour permettre la restauration de l'ouvrage, datant de l'époque de la Monarchie Rösen-Alsburg, ce n'était rien face aux aménagements nécessaires pour recevoir quelques unes des personnalités les plus puissantes du continent.
Mais s'il y avait une chose que la Couronne cultivait, c'était son prestige diplomatique, et nul doute que mettre à sa disposition un de ses châteaux dans le cadre d'une rencontre de cette importance y contribuait. L'Empereur Victor, un habitué du protocole diplomatique depuis sa jeunesse, n'avait pas eu l'occasion de recevoir pareils hôtes depuis le sommet d'Antemar de 207, 35 ans auparavant, qu'il avait reçu sur le sol saphyrien. Mais il se délectait de la possibilité de revivre l'un de ces moments où son rôle de monarque prenait tout son sens - et de découvrir l'Adolynie, ce pays qui l'avait fait souverain mais qu'il connaissait bien trop peu.
L'Empereur avait même pu profiter d'un de ses plus grands plaisirs, et prendre le train impérial à travers la Phoécie pour se rendre sur place. 3 jours de voyage, coupé des responsabilités cérémonielles, à profiter des paysages phoéciens, dans ce train qui était presque une deuxième maison pour lui. Ou plutôt, presque coupé de ses responsabilités : car exceptionnellement, le train impérial avait été joint au train gouvernemental saphyrien. Il avait ainsi eu l'occasion, pendant tout le trajet, de s'entretenir avec son chef du gouvernement, le jeune Abram Montefore. Si les réunions étaient essentiellement centrés sur le travail, Victor eut ainsi l'occasion de mieux connaître une jeune personnalité qui n'était sans doute pas le plus naturel des dirigeants au vu de la configuration politique, mais qui se montrait être un gouvernant sérieux et dévoué.
De surcroît, il avait été accompagné par son époux, le Prince Karli Rosenberg, et son fils, le Prince Erik, lequel, comme héritier dont le règne allait probablement bientôt advenir, commençait à s'impliquer davantage dans les devoirs du souverain. Il faut dire qu'à 94 ans, Victor savait qu'il s'agissait de son dernier sommet, peut-être même de sa toute dernière visite hors du Saphyr, et même s'il comptait profiter autant que possible de l'opportunité d'exercer l'une des tâches qui l'avaient le plus passionné de tout son règne, il savait qu'il devrait commencer à laisser Erik dans la lumière, au moins un peu.
Les deux trains se séparèrent à Karros la veille de l'arrivée, lorsque le Président du Conseil s'arrêta sur place pour rencontrer le Premier Ministre d'Adolynie et la Présidente du Droreste. Le train impérial, lui, continua jusqu'à la gare de Pavhlovar, une petite ville rurale à l'architecture typique de la Phoécie centrale, dont le château dominait le paysage. Victor, son époux et son fils s'installèrent les premiers dans le château, supervisant les préparatifs. Erik était particulièrement impliqué dans la rencontre, révisant ses fiches sur chaque délégation reçue avec Ruben Berenson, garde-officier du Sceau, aide-de-camp de l'Empereur et ami personnel du Prince. Karli, lui, passait son temps à s'occuper de Victor et à le convaincre de se reposer avant le sommet, lui qui passait son temps à régenter chaque domestique afin de s'assurer que tout serait parfait pour la rencontre.
Le 25 au matin, le moment tant attendu arriva. La petite ville de Pavhlovar s'était mise en fête pour l'accueil des dignitaires, des ribambelles de drapeaux locaux et régionaux déployés dans la rue principale qui menait de la gare vers l'hôtel de ville, et plus loin vers le château. Les trains des délégations arrivèrent un à un, à commencer par le train recevant les délégations du Samvelde.
Au château, un petit détachement de la Garde Impériale s'était coordonné avec les Hussards de la Gendarmerie d'Adolynie, le régiment chargé de la protection du souverain, du Colonel-Général, du gouvernement et de l'Assemblée Populaire. Les uniformes bleus, rouges, blancs et or sobres de la Garde contrastait avec le noir et la riche fourrure des Hussards, traduisant la riche histoire militaire de la région.
L'air était frais et empli d'une odeur de pétrichor, la nuit ayant été pluvieuse, et quelques rayons de soleil réchauffait la vallée. L'Empereur avait troqué son traditionnel uniforme de Commandant Suprême saphyrien pour arborer un uniforme de Grand-Prince d'Adolynie, qu'il n'avait eu que très peu l'occasion de porter auparavant. Ni canne, ni quoi que ce soit qui pouvait rappeler sa vieillesse : sa barbe blanche toujours bien taillée et ses cheveux impeccablement coiffés, il se tenait droit, accompagné de son époux et de son fils, prêt à recevoir les invités du sommet avec toute la dignité dont un Karlsson était capable.

