Port de Candy

[Empire du Saphyr]

PORT DE CANDY

[Emma Minsur]

Après une demie-heure de route, la Première Ministre, sa famille et son convoi arrivèrent au port de Candy. elle monta sur le bateau, spécialement affrété pour ça. Une fois tout le monde à bord, le capitaine du bateau fut payé par la duchesse elle-même. Ensuite, il fallait partir le plus rapidement possible. Pendant qu'on préparait le navire, la lettre au Roi fut postée. Ensuite, tout le monde était à bord et était prêt pour le grand départ, la Première Ministre était très émue, elle quittait sa Nation.

[Auguste Labey]

Le beau et fringant Auguste Labey avait rencontré les travailleurs du Port de Candy, autant les soudeurs, les métalliers, les fraiseurs, les calorifugeurs que les ingénieurs, les hôtes de croisière, les pilotes, les timoniers ou les matelots. Durant cette campagne électorale qui s'annonçait plate comme une mer d'huile, il voulait briller aux côtés de celles et de ceux qui construisent chaque jour l'économie arkadienne. À la suite de la journée qu'il avait passée avec les professionnels du chantier naval et de la navigation, Auguste prit la parole devant les caméras et journalistes du pays qui étaient enfin satisfaits de leur appétit intarissable de scribouillards en mal d'actualités politiques.

Auguste Labey : Mesdames et messieurs,

En tant que candidat aux élections législatives nationales, je souhaite dire qu'Arkadia a un besoin immense de ses masses laborieuses et que le pouvoir précédent, qui s'apprête à être remplacé par des forces nouvelles et progressistes, a abandonné ce monde du travail que vous représentez, messieurs, dames. Je souhaite que notre patrie s'engage désormais sur la voie du progrès et non plus de l'archaïsme. À cette fin, j'engagerai un réforme constitutionnelle qui dotera notre pays d'une forme de gouvernement plus démocratique et qui mettra au cœur de nos lois l'humanité et non plus la royauté. Entendez-moi bien, je ne veux pas renverser la monarchie qui nous a apporté des années de stabilité après une période républicaine imparfaite, mais je veux que notre Constitution parle plus de droits humains, de libertés, de protection sociale et moins de noblesse. J'écrirai avec vous, une Constitution populaire !

Après quoi, mon gouvernement s'attachera à réaliser les grandes réformes dont notre pays a besoin : réforme judiciaire, réforme économique, réforme sociale, réforme institutionnelle. Voilà les quatre grands axes du futur gouvernement Labey ! Premièrement, nous doterons notre pays d'une justice indépendante et d'un code de loi clair et précis pour tous et toutes. Nous en finirons avec le principe de justice fédérale ou justice fédérée, nous ne sommes pas des relativistes de la Fédération-Unie, nous sommes Arkadia et nous revendiquons l'universalité de la justice, des droits, des libertés et de la défense de nos compatriotes. Mettre la justice entre les mains des États n'a été que la conservation de fait des juridictions entre les mains de ces anciens magnats de la caste juridique qu'on appelait la corporation de la justice. Nous mettrons un terme à la main mise de cette classe sur nos droits et nos libertés en les plaçant sous la protection directe de l'État et de la Patrie.

Concernant la réforme économique, je veux dire que la transition entre les corporations et l'état libéral actuel n'a été aucunement bien menée. Ça a été l'anarchie et je souhaite que demain, nous ayons une économie semi-planifiée pour reconstruire des entreprises nationales compétitives et protectrices. Je ne souhaite pas que les travailleurs se retrouvent encore une fois sans représentants. D'un corporatisme héréditaire, nous sommes passés à une économie libérale. Jamais les travailleurs n'ont eu d'outils de défense et n'ont pu se former en syndicats. Moi, premier ministre, nous offrirons des pouvoirs aux employés pour le domaine économique dans lequel ils ont choisi de travailler. Lors de la dernière réforme, les droits ont été sacrifiés à la liberté de circulation entre les entreprises et les emplois, moi je souhaite réconcilier la démocratie des corporations et la liberté de l'économie de marché en y ajoutant la protection d'une économie socialiste.

Pour la réforme sociale, je souhaite doter notre pays d'une sécurité sociale tout au long de la vie pour laquelle chaque compatriote cotise selon ses capacités et dont chaque compatriote bénéficie selon ses besoins. En d'autres termes, de la naissance à la mort, nous garantirons un nombre large de droits et de libertés réelles dont jouiront nos compatriotes tout au long de leur vie. Nous garantirons également un bon nombre de droits et de libertés universelles et inaliénables. Contrairement à nos adversaires du RSA, nous défendrons avec ardeur l'État de droit et la paix dans notre gouvernement. La tranquillité civile est notre premier objectif et pour cela, nous serons la force tranquille du progrès et de la réforme heureuse. Tandis que nos adversaires ont eu dans leurs rangs des soutiens à un État dictatorial et déstabilisateur, nous, nous comptons parmi les nôtres, Ian Capelle, restaurateur de l'ordre en qualité de Président du Sénat, voilà le choix face auquel vous êtes confrontés. Des bellicistes ou des pacificateurs. Nous voulons la paix civile, mais aussi la paix sociale et c'est le sens de la réforme que nous initierons !

Enfin la réforme institutionnelle sera de deux ordres. La première, j'en ai parlé concernera la réduction de la puissance monarchique en Arkadia. Nous ne serons plus dans un régime absolu et le Roi n'aura plus de sujet. De même, il n'aura plus de droits inaliénables mais seulement des devoirs de procédure et des devoirs envers la Patrie qui lui ouvriront des prérogatives telles que la dissolution du Sénat ou l'appel au référendum. De plus, la monarchie ne sera plus fédérale mais centrale, et nous ouvrirons la voie au centralisme démocratique à taille nationale. La propriété collective et publique sera mise en place et nous aurons donc, de fait, une constitution républicaine bien qu'ayant à sa tête un monarque. Le second pan de ces réformes institutionnelles toucheront la fonction publique qui s'agrandira et deviendra une véritable arme contre les vices sociaux. Je mettrais en place des corps de l'armée, du maintien de la paix, de l'enseignement, de la finance, de la protection, de la médecine, de l'accompagnement social, de la réinsertion, etc. Ces corps seront le bras armé de l'État pour protéger, éduquer, et faire bénéficier au peuple des jouissances de la richesse produite collectivement. Voilà notre ambition.

J'exposerai prochainement le contenu exact des réformes dont je vous ai parlé. En attendant, il se fait tard et ça tombe bien, car le Parti Communiste a organisé un banquet ouvert à vous tous et toutes, alors je vous souhaite un bon appétit, et j'espère bien qu'on continuera cette discussion entre candidats et travailleurs autour d'un bon vin, d'une bonne viande et d'un bon fromage !

Vive la Patrie !
Vive Arkadia !

Ils allèrent tous manger et se goinfrèrent avec une chanson en fond. Auguste discuta longtemps avec de nombreux ouvriers ou salariés portuaires et fut assez bien apprécié par les gens qu'il rencontrait, assez heureux de partager de leur temps avec une personnalité publique qui s'intéressait enfin à eux pour une autre raison que pour fuir Arkadia.