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La journée de John Hussain allait commencer avec un rendez-vous médiatique important. Il était l’invité d’une matinale sur une chaîne d’information continue assez suivie au niveau fédéral. Il arriva au studio une demi-heure avant le début de l’entretien, le temps de passer au maquillage. A 8 heures 25, il prit place sur le plateau, face à la journaliste, et à 8 heures 30 pile, le générique débuta.
- John Hussain, bonjour, vous êtes le Ministre-Président du Rígland et candidat du Parti impérial au Sénat impérial et à la présidence de la Commission auditoriale générale. C’est la première fois que vous vous présentez à une élection fédérale, pourquoi ce changement ?
- Bonjour Madame De Milleherbes. Cela va faire près de sept ans et demi que je suis à la tête de la Principauté de Rígland. Durant ces mandats, nous avons collectivement tâché d’apporter le mieux pour la Principauté et je n’ai pas à rougir de mon bilan. Un exemple : sur le plan économique, nous avons le premier PIB de l’Empire et un taux de chômage inférieur à la moyenne fédérale. Nous avons près d’un quart de nos parcelles agricoles qui sont biologiques et nous diminuions notre production de déchets plastiques. Cela ne signifie aucunement que tout a été fait, il reste encore beaucoup à faire mais je pense pouvoir affirmer qu’il fait bon vivre au Rigland. Pour répondre précisément et directement à votre question, à maintenant plus de soixante ans et avec l’expérience qui est la mienne, de maire, de député et de Ministre-Président, je pense qu’il est temps pour moi de mettre tout cela à la disposition de la Nation au Sénat impérial.
- Le candidat tête de liste à votre succession est le fils d’Horace Bunch. A-t-il été nommé uniquement en raison de ce lien de parenté ?
- Certainement pas. Karl Bunch, tête de liste du Parti impérial au Rigland, a été nommé parce qu’il a été très impliqué ces dernières années dans le Parti impérial local et qu’il est le plus à même de conduire notre liste à la victoire. Il a mon plein et entier soutien et j’espère qu’il obtiendra un résultat identique à la dernière élections congressionnelle à l’issue de laquelle les ríglandais et les ríglandaises ont accordé au Parti impérial une très large majorité. Je ne doute pas qu’il s’inscrira dans la poursuite de ce qui a déjà été fait, tout en mettant en avant des thèmes qui lui sont chers, comme il l’a fait récemment lors de sa rencontre avec des vétérans de guerre.
- Je le disais, vous vous présentez à la présidence de la Commission auditoriale générale. Qu’entendez-vous faire si vous vous retrouvez à la tête de cette commission ?
- La commission a un rôle important de contrôle de l’exécutif et du respect de la loi fédérale votée par le Sénat. J’entends tout simplement présider cette commission dans le respect des prérogatives qui sont les siennes et de la Constitution. La commission jouera son rôle et pleinement son rôle. J’entends aussi mener cette commission dans le respect de chacun, majorité comme opposition. Je pense que c’est ce qu’attendent nos citoyens.
- Vous vous êtes déjà opposé à certaines politiques fédérales de l’actuelle majorité. Je pense, par exemple, à votre opposition à l’opération de « remigration » des clandestins décidée par le Haut-Procureur impérial et le Haut-Commissaire à la Sécurité, aujourd’hui tête de liste sénatoriale de l’ADP. Ne pensez-vous pas avoir un profil trop clivant pour présider cette commission ?
- Je ne le pense pas. Tout d’abord, permettez-moi de corriger quelque peu vos propos. Je ne me suis pas opposé à la reconduite à la frontière ou à l’expulsion de personnes qui se trouvent illégalement sur le territoire. Ce que j’ai critiqué, c’est l’application brutale, du jour au lendemain, de ce qui s’apparentait plus à une opération médiatique qu’à une réelle application de la loi. Dans le préambule de notre Constitution, il est écrit que la dignité est un droit universel. Je le répète, un droit universel. C’est-à-dire qui s’applique à tous, pas seulement aux citoyens de l’Empire. Or, il m’apparaissait que la manière avec laquelle la situation était traitée, nous ne traitions pas dignement ces populations. Le Parti impérial est, historiquement, le parti de la loi et de l’ordre. A la tête de la commission, j’entends faire pleinement respecter ces principes essentiels de notre démocratie et veiller à ce qu’ils soient respectés, notamment par l’exécutif.
- Quels thèmes entendez-vous porter au Sénat impérial ?
- Un sénateur doit traiter de l’ensemble des sujets qui touchent l’Empire. Pour autant, comme vous le soulignez, j’ai, personnellement, certains thèmes qui me tiennent à cœur. Par exemple, j’aimerais améliorer le niveau d’éducation de nos jeunes. Moins d’un jeune sur deux atteint un niveau universitaire. Ce n’est pas suffisant. Nous avons besoin d’eux et de leurs esprits pour bâtir l’Empire de demain et lui permettre de conduire de prospérer. L’environnement est également un thème qui me touche : notamment le manger mieux. Je pense que les autres Principautés du Saphyr pourraient s’inspirer du Rigland qui, en instaurant le localisme dans la restauration collective, a permis de mettre en place une sorte de cercle vertueux : nos agriculteurs, qui ont été fortement touché l’année dernière par la canicule et qui risquent de continuer d’être touchés sont soutenus et doivent être accompagnés. Nous devons bien prendre conscience que sans eux, demain, il n’y aura plus rien dans nos assiettes. Donc il faut les soutenir en achetant leurs productions, leur permettant ainsi d’investir dans leurs exploitations et d’entamer une transition vers un mode de culture plus sain pour les Hommes et pour la terre. Cela permet aussi aux exploitations de devenir pérennes et donc d’assurer une sécurité alimentaire.
- Merci John Hussain. Je rappelle que vous êtes Ministre-Président du Rígland et candidat du Parti impérial au Sénat impérial et à la présidence de la Commission auditoriale générale.
- Merci Madame De Milleherbes.
Le générique de fin de l’émission se fit entendre. John remercia la journaliste ainsi que les personnes présentes sur place puis il quitta le studio d’enregistrement en regardant sur son téléphone les réactions qu’elle avait généré sur Chirper.