par Ivan Cappelen
La situation dans laquelle nous vivons est terriblement désespérante à toute personne qui ne se serait endurcie préalablement. Chaque jour, le fossé qui sépare l'aristocratie et la bourgeoisie du prolétariat se creuse un peu plus ; chaque jour un peu plus, le capitalisme détruit notre planète et prouve à chaque matin qui se lève un peu plus, quel appareil d'exploitation et de destruction il est. Pouvons-nous rester ainsi sans rien faire ?
La question se pose. Est-on si impuissant face à des superstructures qui sont capables de déplacer des montagnes, de détruire des forêts, de déporter des populations, de construire une gare en une nuit ? Les prétendus progrès de ce système ne visent qu'à la supériorité de l'humain sur la nature, qui par sa déraison et sa démesure devrait s'abstenir de telle chose. Bien sûr si l'humain s'abstenait de capitalisme, il s'abstiendrait de toute vue sur la domination de la nature. Comme s'il ne lui suffisait pas déjà d'avoir mis en place à un niveau parfaitement fonctionnel, la domination de l'homme par l'homme.
Je vous le dit net : non, nous ne sommes pas impuissants, non nous ne pouvons pas rester sans rien faire. Notre devoir c'est de renverser le capitalisme qu'on voudrait voir en élévateur de la condition humaine, ce monstre élevé au rang d'ordre naturel des choses selon nos spécialistes les plus atteints de cécité ; notre devoir c'est de renverser l'état, de mener la révolution prolétarienne que l'on attend depuis fort longtemps et qui ne saurait tarder tant l'heure est à la division, à la domination, au mépris des classes et de ce fait à la lutte des classes.
Renverser le système établi n'est pas une mince affaire, j'en conviens. Cependant nous avons la force de le faire et pour peu que nous mettions en place un lutte des classes organisée, nous parviendrons sans difficulté à renverser l'aristocratie triomphante et à empêcher la bourgeoisie complice de s'imposer en reine du nouveau système. Car si nous pouvons -le temps d'une révolution- nous allier à la bourgeoisie, le soleil qui éclairera le Saphyr de demain sera rouge ou ne sera pas. Car seul le prolétariat peut apporter à la société une réponse universelle de bien ; Nul ne pourrait imaginer convenablement le bien commun distingué du bien du prolétariat. Car nul ne saurait imaginer le bien commun sans admettre qu'il nécessite le bien du prolétariat ; car nécessairement lorsque les intérêts du prolétaire sont défendus, c'est ceux de toute la population qui est défendue.
De tout temps, le prolétariat n'a toujours eu que pour but de mettre sur le même pied d'égalité toutes les classes. Pour ce faire, notre lutte organisée devra se doter d'un organe démocratique qui sera l'avant-garde du mouvement uni des spoliés, des démunis et des exploités. Cet avant-garde sera la révolution permanente à l'intérieur du système pourri, il devra rassembler les forces prolétariennes afin d'étendre son action. Car c'est bien cet avant-garde démocratique qui devra lancer les actions révolutionnaires ; manifestations, blocages, insurrections. Tous les moyens sont bons pour combattre l'injustice et nous reconnaissons également une révolution progressive légaliste qu'une révolution directe.
Force sera seulement de constater qu'il faudra bien mener une révolution directe, un jour ou un autre, puisqu'en aucun cas le système actuel, incapable de se réguler, n'a pas prévu sa dissolution, ni sa révision tant il croit être le seul capable de fonctionner. Or c'est bien en cela qu'il est irrécupérable et pour que nous puissions avancer à un stade socialiste de société, nous devrons auparavant avoir fait table rase du système que nous connaissons.
Lorsque nous devrons revoir nos institutions du bas en haut, il faudra alors -pour contrer tout risque de despotisme, fut-il éclairé- déclarer que la seule puissance que l'on reconnait est celle des conseils directement élus par des groupements citoyens indépendants et autonomes. Les conseils seront la seule forme possible de transition assurément démocratique ayant comme unique fin la destruction de leur représentativité et la mise en place de l'impératitivité absolue des délégués. Par là, j'entends que la convocation d'élections devra se faire seulement lorsqu'elle sera motivée par un besoin particulier, les délégations ayant perdu leur continuité, nous pourrons enfin parler de société sans Etat, nous aurons atteint notre objectif socialiste révolutionnaire, une société anarchiste.
Cette réflexion est celle qui a déjà été à de nombreuses reprises abordée. Mais nous devons aller plus loin -ou dans ce cas, nous devons être plus proches. Plus proches de nos réalités et des contextes de nos villes, de nos régions et de notre état et voir en ce sens que faire. C'est peut-être une des questions les plus importantes et celles qui ne sont jamais assez posées. Que faire ?
Ce que le Comité Central du Mouvement Révolutionnaire Citoyen répond, c'est qu'il faut agir à différentes échelles pour mener une révolution permanente. C'est d'abord de jouer le jeu du légalisme d'une part et de défendre nos intérêts actuels à la tribune ; refuser de défendre l'exploité partout où nous le pouvons au nom de l'idéologie n'est que la leitmotiv d'une frange opiniâtre des anarchistes qui souhaite garder les mains propres et se tenir éloigné de toute puissance. Au contraire c'est en l'utilisant pour faire accepter nos idées que notre révolution sera possible, c'est en habituant par des mesures légales, la population à la révolution qui s'opère et se prépare que nous avons les meilleures chances que notre révolution une fois venue ne rencontre pas de contre-révolution, d'insurrections de lumpenprolétaires endoctrinés par les classes bourgeoises et aristocratiques, et que le peuple sache la tâche qui lui incombe en n'ayant que faire des anciens exploiteurs vantant les bienfaits de la société capitaliste surannée qu'ils proposeront et qui risquerait -à tel point ils peuvent la vendre bien- de troubler la pensée de la population aux lendemains de la révolution.
Cette révolution permanente devra passer par un mouvement et un soutien unanime des militants aux ordres et aux appels lancés par d'autres camarades et qui seront systématiquement relayés par le Comité Central en vue d'une convergence perpétuelle des luttes tant celles-ci semblent continuelles dans un monde de plus en plus barbare bien qu'on tente chaque jour d'en faire un monde aseptisé où même la douleur des travailleurs est perçue comme douce, où l'on traite les exploités de privilégiés face à ceux sans emploi -et pis, face aux classes dirigeantes.
La révolution devra d'abord se passer dans la légalité afin de préparer nos esprits et nos comportements pour qu'ils endurent les changements révolutionnaires que nous devrons lui apporter. La révolution ne sera pas aisée mais sera un mal nécessaire que nous accomplirons. Ce n'est pas à la dureté de l'effort que nous devons juger une action, mais aux jouissances résultantes de celle-ci. Chaque moyen est bon pour avancer à petits pas vers les chemins des lendemains chantant, de la publication d'un livre à sa lecture, de l'organisation d'un débat à la manifestation, de l'insurrection à l'affichage, du journal vendu à l'affiche collée ; tout le militantisme possible et imaginable doit se retrouver au sein du mouvement révolutionnaire que nous représentons car toutes ses méthodes sont, à nos fins, utiles.
Ce n'est qu'après avoir mené la direction du Saphyr, de ces mairies à son état, qu'une révolution directe mais douce pourra s'opérer. Les élections sont pour nous un moyen pré-révolutionnaire qui nous permettrons d'accéder à des fonctions politiques supplémentaires et en cela, nous deviendrons des acteurs du changement par nos réussites politiques ; notre mouvement révolutionnaire ne saurait être capable de fomenter à la fois un programme révolutionnaire, une théorie révolutionnaire et des programmes légalistes. Nous avons les esprits nécessaires, n'en déplaise à ceux qui pensent que le sang bleu est la seule condition d'une raison saine.
Nos politiques administratives devront s'orienter vers différents domaines. Nous devrons bien entendu favoriser les nationalisations et la propriété collective dans la mesure où la forme surannée de gouvernance nationale nous le permet, nous devrons également investir majoritairement dans l'éducation, dans les services sociaux, dans les aides sociales, dans les programmes de solidarité. Nous devrons réformer et réviser les codes poussiéreux du travail, du logement, de la morale, du droit. Nous aurons un effort surhumain à accomplir, en tant qu'acteurs administratifs, en tant que députés, présidents, maires, sénateurs. Comment l'abattrions-nous ? Car ce n'est un effort surhumain que pour quelques hommes et femmes, mais lorsqu'un mouvement comme le nôtre y prend part, ça devient d'une aisance déconcertante.
Comme l'idéologie du Mouvement Révolutionnaire Citoyen l'a toujours défendu, nos élus ne seront pas de simples représentants ayant abandonnés leurs électeurs, abandonnés par eux-mêmes. Non, nous serons une nouvelle forme de démocratie et un exemple pour notre modèle post-révolutionnaire, nous abattrons le travail ensemble ou nous ne ferons rien. Tout militant, tout adhérent, tout insurgé, tout révolté pourra donner son avis, écrire des projets et des propositions de lois qui seront transmises aux élus, ils pourront demander leur démission en cas d'erreur de leur part et si tel était le cas, le Comité Central exclurait l'élu en question. Il ne sera jamais question pour le Mouvement Révolutionnaire Citoyen de laisser impunément ses élus pendant toute la durée d'un mandat. Considérant que les élus s'ils sont la représentation d'une majorité doivent être responsables devant eux, nous imprimons la première page de notre Révolution qui commence dans les rangs de la légalité, et qui écrit un principe universel et intemporel pour les inspirations dont nous aurons besoin lorsqu'il faudra tout reconstruire pour amener à l'abolition de la monnaie avant de mettre fin à l'appareil étatique et d'enfin pouvoir vivre nos lendemains qui chantent.
Citoyens du monde entier, révoltez-vous !
Ivan Cappelen,
Premier Camarade du Comité Central