[Ministère de la Diplomatie] Bureau du Haut-Consul Impérial

[Joakim Overgraad]

Le bureau, proche de la pièce accueillant celui du Haut-Consul Impérial, était plutôt sobre. Il s'y tenait une horloge, un bureau plutôt moderne, quelques chaises et les tableaux qui étaient accrochés aux murs étaient contemporains.

[Joakim Overgraad]

Rencontre entre Arthur J.R. Adams et Joakim Overgraad

La Présidente du Conseil Impérial avait mis en contact les deux hommes en vue d'une nomination à un poste important pour le mandat à venir. Naturellement, le Haut-Consul Impérial allait procéder, comme pour tout autre recrutement, à un entretien d'évaluation pour connaître mieux le candidat proposé, ses compétences - même si son expérience parle d'elle-même - et sa motivation à obtenir le poste.

Après un moment d'entrée, de salutations et de politesses, les deux hommes étaient placés de part et d'autre du bureau. Souriant, la voix bienveillante, Joakim demandait alors :
Joakim Overgraad : Bien, Monsieur Adams. Pouvez-vous me décrire ce qui fait de vous un bon candidat, quelles compétences vous pensez pouvoir mettre au servir de notre Empire, et pourquoi pensez-vous pouvoir nous représenter au mieux auprès de notre allié fédéré ?

[Arthur J.R. Adams]

Le Sénateur Adams était arrivé serein au Haut-Consulat Impérial, dont il eut lui-même été à la direction vingt ans plus tôt. Son chauffeur avait garé la berline Allmän Motorer sur le perron du Ministère de la Diplomatie, et s'en été allé ouvrir la portière à son employeur. Arthur J.R. Adams contempla pendant un bref instant, en sortant du véhicule, le lustre de ce sublime bâtiment victorien qu'il eut occupé, puis fut conduit devant une porte au sein de celui-ci - jouxtant celle du bureau, qui, jadis, fut le sien - par un employé ministériel.

Il entra dans le bureau de réception après avoir été annoncé par l'employé qui l'y avait conduit, échangea les politesses d'usage le Haut-Consul, puis s'assit en face de ce dernier, l'écoutant débuter la conversation de manière particulièrement attentive.

Arthur J.R. Adams : Vous le savez, je suis aujourd'hui, pour sûr, l'homme dont le profil correspond le plus à l'ambassade fédérée et qui puisse vous convenir. J'ai occupé ce bureau dans lequel vous siégez alors vous n'étiez encore qu'un tout jeune garçon, bureau au sein duquel j'ai eu maintes et maintes fois l'occasion de m'entretenir de manière particulièrement concluante avec, alors, l'Ambassadeur Paul Marshall, qui, cela ne vous aura pas échappé, occupe aujourd'hui le Secrétariat d'État à St. Paul. Je suis également, celui qui, entre autre, est parvenu à conclure l'alliance défensive qui nous lie depuis bientôt vingt longues années à la Fédération Unie. Ce, comme les actuels traités de libre-échange et de coopération scientifique et technologique qui lient nos deux nations. De surcroît, j'entretiens un lien fort avec la nation fédéré, ma femme, Lucy, étant née et ayant grandi à St. Paul, au même titre que la multinationale que nous codirigeons actuellement, elle et moi.

Vous le savez également, le monde de la diplomatie nécessite une certaine apolitisation, de manière à favoriser un dialogue construit et productif avec nos homologues étrangers. Alors, bien que je sois revenu à la vie politique en menant ardemment campagne en faveur de l'Alliance - avec succès -, il convient de rappeler que je suis longuement resté éloigné du monde politique, et que, lorsque jadis, j'occupais vos fonctions, j'ai toujours su faire preuve de discernement, et parvenir à dialoguer avec tous les acteurs impliqués dans le bon exercice de la diplomatie saphyrienne. À ce jour, j'ai également atteint un certain âge, qui me force - bien malgré-moi - à effectuer progressivement un certain retrait de la sphère politique intérieure à l'Empire, raison pour laquelle je désire aujourd'hui me tourner vers les ambassades, charge demandant un certain dynamisme que je possède encore - ma campagne le prouve -, mais qui se veut moins astreignante qu'un poste gouvernemental. Je pense que vous comprenez cela Monsieur Overgraad.

[Joakim Overgraad]

Le Haut-Consul acquiesce aux dires du personnage, prenant quelques notes.

Joakim Overgraad : Je vois qu'on vous a briefé sur mes doutes concernant votre poste, c'est une bonne chose, j'aime bien les gens qui se préparent. Je tiens à vous signaler que nous avons aussi une autre candidature à ce poste, Hans Erikssen, lui aussi très expérimenté. C'est bien pour ça que je vais vous poser une question très claire, avant de développer vous devrez simplement répondre par oui ou par non.

Si vous devenez l'ambassadeur de l'Empire du Saphyr auprès de notre allié fédéré, arriverez-vous à négocier la participation de la Fédération-Unie au plan de développement idylénien à la hauteur de 150 milliards de thalers ? Si oui, faites-moi part en quelques mots d'une petite ébauche de stratégie pour y arriver. Que donnerez-vous aux fédérés en échange, par exemple. J'ai déjà pu lire votre CV et votre lettre de recommandation, et la Présidente du Conseil Impérial vous a chaudement recommandé. Autant dire que si vous répondez correctement à cette question, ainsi qu'à celle d'après, vous avez le poste !

Il observe alors la réaction de l'homme d'État, toujours avec un air bienveillant.

Joakim Overgraad : Après cela, donnez-moi votre plus grand défaut, ou la plus grande casserole qui pourrait vous tomber dessus. Je souhaite assurer nos arrières, et quelqu'un qui sait reconnaître ses défauts est un bon ambassadeur.

Le Haut-Consul sourit, laissant la parole à l'homme en costume mature et dynamique.

[Arthur J.R. Adams]

Arthur avait écouté le Haut-Consul avec beaucoup de considération, et n'était surpris d'entendre le nom de son très bon ami Hans Erikssen parmi les autres candidats au poste très prestigieux qu'était celui d'ambassadeur saphyrien en Fédération Unie. Il répondit donc assurément aux questions de Joakim Overgraad d'une manière, comme à son habitude, toujours aussi claire que distinguée.

Concernant la participation fédérée au plan d'aide au développement idylénien, il me semble évident que ce ne sera pas simple à négocier, nous connaissons tous la ligne idéologique du Parti Conservateur, et par extension, celle de Nancy Chapman. Cependant, comme je l'ai exprimé, je suis fortement lié avec Paul Marshall, et je suis persuadé que notre bonne collaboration saura se poursuivre une fois ma nomination actée. Qui plus est, j'ai cru comprendre que la Fédération Unie cherche à étendre sa capacité de projection, et notamment en Phoécie. Je pense pouvoir acter la participation de la Fédération Unie au plan d'aide au développement idylénien en proposant à St. Paul d'étendre notre alliance défensive, ce, en accentuant les échanges d'informations, et, si cela est rendu nécessaire par les négociations, en leur proposant d'établir une base aérienne fédérée sur le sol saphyrien. En cela, je pense pouvoir y parvenir, ce ne sera pas mince affaire, mais je suis persuadé que cela est possible.

Quant à lui, mon plus gros défaut est sûrement mon excès de pragmatisme, et de prudence, je ne prends que rarement part à un combat si je n'ai la certitude de le remporter. Je considère cela comme une force, tant qu'une faiblesse. Et concernant les informations qui pourraient intéresser la presse, j'ai, il y a de cela plusieurs décennies, comme l'eut fait tout milliardaire, omis de manière totalement malencontreuse de déclarer certains de mes revenus. C'est de l'histoire ancienne, j'étais jeune, et la durée de prescription pénale est d'ores et déjà dépassée. Qui plus est, vous vous doutez que les avocats qui composent mon équipe juridique ne sauraient me laisser être mis en accusation pour de telles idioties. Je sais me défendre vous savez ! Je suis loin d'être né de la dernière pluie.

[Joakim Overgraad]

En acquiescant quelques temps, le jeune Haut-Consul prenait des notes - s'arrêtant bien entendu à la partie sur les défauts. Après un petit moment de silence, il reprit en appelant un personnel.

Joakim Overgraad : Madame ? Je vous prierai de rédiger une lettre officielle à l'Empereur. Monsieur Adams ici présent est proposé comme ambassadeur du Saphyr auprès de la Fédération-Unie à Sa Majesté Impériale. Je vous remercie

Il tendit la main, souriant, à l'homme derrière le bureau.

[Arthur J.R. Adams]

Arthur serra la main de son interlocuteur, et lui adressa ses plus sincères remerciements.