15 mars 2022, 03:11
INTERVENTION PRINCIÈRE AUPRÈS DE LA FDES
Pour commencer sa campagne princière, Kristoffer tenait d'abord à prouver que le dialogue était possible et souhaitable avec les pires ennemis des communistes : les patrons. Il voulait présenter son projet pour le Rìgland et Karlsburg afin de projeter ce que sera un gouvernement communiste. Il s'agissait de rencontrer le premier syndicat de patrons afin de s'imposer comme une force de révolution tranquille, pragmatique et compétente, de rassurer les petits patrons sur leur sort et les aides qu'apporteraient les communistes à leur travail, mais également de préparer le rapport de force en prouvant qu'il savait confronter le patronat et lui parler sans démagogie, sans opportunisme et sans fragilité. Face aux principaux dirigeants syndicaux, et la grande majorité des chefs d'entreprises Rìglandais, il avait choisi la forme d'une intervention devant ces gens, une sorte de grand oral, comme une épreuve où ils étaient un peu les jurés. Il savait l'événement diffusé et retranscrit dans quelques feuilles de choux, ce qui faisait des r`glandais l'autre jury qu'il fallait convaincre en priorité. Cette double adresse était un exercice d'équilibriste auquel Kristoffer s'était préparé et se sentait prêt.
Mesdames, Messieurs,
Que l'on soit bien d'accord, l'économie est un sujet trop important pour le laisser entre les mains de n'importe qui. Ce n'est pas un sujet à laisser entre quelque sourcier dont le trajet politique évolue avec les frétillements du moment. Il faut une boussole politique claire, une conscience économique saine fondée sur des théories cohérentes et une volonté d'appliquer les dispositions qui s'avèrent nécessaires à la réalisation des nécessités d'avenir. Il est impensable qu'un Ministre-Président communiste soit autre chose qu'un élu au service de ses concitoyens et je dis que celui qui n'est pas serviteur du peuple qui l'a élu, n'a pas sa place dans nos rangs. Pour ma part, je me présente à vous comme un candidat sincère qui veut parler à des citoyens honnêtes et fiers. Fiers d'être des travailleurs, fiers de servir leur pays à leur manière. Aujourd'hui si je suis devant vous, patrons du Saphyr, ce n'est pas pour vous insulter ou vous expliquer la théorie économique vakéministe, mais pour discuter, dialoguer et vous tendre la main. Nous n'avons pas les mêmes intérêts, mais nous pouvons travailler mutuellement dans un intérêt commun fait de compromis là où nous pouvons concéder sans compromission, nous sommes prêts à le faire et je sais que vous en êtes capables.
Je veux être clair, je n'ai pas pour ambition de détruire l'économie rìglandaise, pas plus que je ne souhaite faire violence à nos entreprises. Au contraire, le programme du MRC est de soutenir les entreprises princières en ce qui me concerne selon un double angle d'attaque. J'ai un objectif unique cependant : augmentation du pouvoir d'achat. D'un côté, je veux augmenter le salaire minimal et exiger une augmentation annuelle de tous les salaires, calculés selon une grille unique entre 7% et 3%, afin que les travailleurs les plus précaires aient un niveau de vie augmentant plus vite que celui des travailleurs les mieux rémunérés. Un travailleur précarisé, quand il reçoit une augmentation de salaire, il le dépense, il ne les cache pas dans les paradis fiscaux, c'est autant débouchés nouveaux pour l'économie princière. Non seulement, il consommera plus afin de satisfaire ses besoins, en énergie, en alimentation, en vêtements ou en loisirs qui ne sont pas forcément assouvis actuellement, mais de plus, il consommera mieux, et je souhaite qu'au Rìgland, on consomme rìglandais.
L'autre aspect de ma politique économique, c'est la refonte du prix. Vous le savez, le prix se compose de quatre éléments, le coût, les bénéfices, les salaires et les prélèvements. Le coût est incompressible. Les salaires sont appelés à augmenter. Il reste les bénéfices et les prélèvements. Pour ne pas créer une inflation sur les produits de grande consommation, nous devons collectivement faire un effort. La principauté réduira ses prélèvements. L'engagement d'Ivan Cappelen de ne pas imposer la valeur ajoutée, c'est-à-dire de ne pas taxer les produits est un choix sain au niveau fédéral ; à l'échelle princière, nous y tendrons. Oui, la principauté tendra à réduire les taux de cette taxation. En contrepartie, nous demandons aux entreprises de ne pas augmenter leur bénéfice et même pour les plus importantes de les réduire. Des dividendes trop importantes mènent à une concentration trop forte des richesses vers des investissements de moins en moins sûrs. C'est ainsi que l'on crée un crise économique, en accumulant tant que tous les investissements sûrs ne sont plus assez nombreux pour recueillir tous les fonds qui se dirigent alors vers des investissements de plus en plus risqués. J'investirai dans une valeur sûre : le pouvoir d'achat.
Un enjeux qui s'impose à nous, est la question écologique. Il y a quelques années, un candidat de droite était venu vous voir pour vous dire qu'il fallait reverdir l'image de l'industrie auprès des saphyriens parce qu'ils en avaient une mauvaise image. Moi, je ne souhaite pas reverdir l'image de l'industrie, je souhaite la rendre réellement verte. L'industrie pour être la plus propre possible doit répondre à trois conditions. La première c'est d'être locale. Importer nos marchandises de l'autre bout du monde, en bateau ou en avion, c'est inutile. La seconde, c'est de répondre à des normes écologiques strictes mais avec un accompagnement princier pour soutenir la transition écologique. L'accompagnement suivra deux trajectoires : la première, évidemment, c'est des prêts à taux négatifs conditionnés à des projets de Recherche et Développement orientés vers la rentabilité (c'est-à-dire la conception de machines et techniques utilisant moins de matériaux et moins d'énergie pour un même résultat) ainsi que l'équipement. Cat c'est bien beau de développer des machines écoresponsables encore faut-il que l'on en équipe nos professionnels. Par exemple, nous accorderons des crédits pour l'achat de véhicules propres pour les entreprises de livraison. Le second axe c'est évidemment la formation et la sécurité de l'emploi pour la reconversion des emplois qui seront rendus obsolètes. Je pense aux chauffeurs et camionneurs dont la profession est vouée à décliner avec le développement du fret. Ils ne seront pas laissés de côté et nous financerons leur formation vers des emplois d'avenir en leur garantissant, par le pré-recrutement de trouver un emploi dès la fin de leur formation, qui sera rémunérée pour que cela n'impacte pas leurs droits acquis par le travail. La reconversion sera, pour eux, rémunérée à hauteur de leur ancien salaire et suivra l'évolution des salaires selon la grille universelle, afin qu'ils bénéficient des mêmes droits à la retraite que s'ils avaient continué leur profession.
La troisième condition pour que l'économie et en particulier l'industrie deviennent concrètement propres, c'est de mettre en place les infrastructures nécessaires et de mener des efforts collectifs avec tous les leviers en notre possession. Je pense au fret comme j'en ai déjà parlé, mais également à une énergie nucléaire publique qui est l'énergie la moins chère et la plus décarbonée, à un plan de rénovation des logements insalubres ou encore à un plan de construction et de déploiement de transports collectifs dans nos villes et nos campagnes. Ça, ça va faire tourner l'économie. Les entreprises de la construction doivent se réjouir à l'idée des rails qu'il faudra poser, des centrales et réacteurs à ériger, aux logements à réhabiliter et aux métros ou trams à construire. De même les usines automobiles et ferroviaires doivent être heureuses d'entendre qu'elles auront un carnet de commandes plein pour dix ans en construisant des autobus, des trams et des métros, tournant à l'hydrogène et à l'électricité. Je ne ferai pas dans la demi-mesure. C'est ensemble que nous construirons tout ça. Les quelques affoleurs de foule qui crient à l'emprise des communistes sur l'économie et aux taxations insupportables vont devoir revoir leur argumentaire. Moi, à la tête de la Principauté, je ne taxerai pas pour taxer. Si je taxe les hauts revenus, les dividendes ou la valeur ajoutée, c'est pour les investir et remplir les carnets de commande. Comme je l'ai dit tout à l'heure, la concentration importante de capitaux déstabilise l'économie, les taxer raisonnablement c'est offrir de la stabilité ; et engager de grands plans de construction, tout en offrant du pouvoir d'achat stabilise les débouchés. La balance est alléchante, n'est-ce pas ? Vous perdez de l'instabilité d'un côté et gagnez de la stabilité de l'autre. Des deux côtés, vous êtes gagnants et nous aussi.
Je souhaite vous parler d'un autre grand chantier que j'entamerai sitôt que vous m'aurez élu : la constitution d'un pôle public de défense de nos secteurs stratégiques. L'objectif de ce pôle public ? Baisser les charges qui pèsent sur les entreprises. En particulier l'électricité, l'assurance et le transport. Je l'ai dit, je veux une électricité à bas coût et publique. Avec moi, l'électricité sera vendue à prix coûtant aux ménages, aux entreprises de moins de 10 employés et elle sera vendu 20% plus chère aux autres entreprises. Ça sera une sacrée baisse et je vous jure que ça va alléger les charges de vos entreprises. De l'autre côté, nous aurons une compagnie d'assurance publique calculée en pourcentage des résultats d'entreprise pour en faire une sorte de sécurité entrepreneuriale sur le modèle de la sécurité sociale. Tout le monde cotise selon ses moyens et perçoit selon ses besoins. Enfin, je souhaite constituer un réseau de transports publics à moindre coût. Concernant les transports de marchandises et de personnes j'engagerai des discussions avec l'État fédéral pour garantir la gratuité du fret et des transports de personne en contrepartie d'une redevance princière annuelle. Lors de ces discussions, je plaiderai pour le développement de mises en place de nouvelles lignes que nous financerons conjointement. Pour ce qui est des bus, le maillage territorial sera renforcé pour la campagne, afin qu'il n'y ait pas un jeune qui ait à se rendre à l'école, au collège ou à l'université en voiture. Je souhaite également développer dans les villes, les réseaux de métropolitains et de tramways afin d'aller vers la piétonisation de nos villes. Vous allez me dire : mais quel rapport avec les entreprises ? Je vais vous répondre tout de suite avec le point clef de ce réseau : la gratuité. Mon but est de réduire vos charges inutiles. Le transport en est une. Pour les travailleurs de la campagne, le réseau de bus et de trains permettra de voyager gratuitement vers l'usine ou la ferme, pour ceux des villes, le métro sera une bonne alternative à la coûteuse voiture.
Enfin, mon dernier grand chantier et je voulais garder le meilleur pour la fin, c'est l'égalité salariale. J'ai évoqué la grille universelle des salaires, j'ajoute qu'elle sera fondée sur deux critères : l'expérience et le niveau de formation. Mon but est de consacrer le droit à une rémunération digne quel que soit son genre, son origine, son handicap, sa religion. Aucune discrimination ne sera tolérée ou possible avec ce système. Alors bien sûr, cela aura un coût puisque nous n'abaisserons pas les salaires des hommes pour qu'il corresponde à celui des femmes. Au contraire, nous augmenterons ceux des femmes. Mais ce n'est pas chose impossible surtout si vous pensez encore une fois aux baisses de charges que je vous ai promise et que je mettrai en place durant la première année de mon élection. Ajoutez à cela que le pouvoir d'achat offrira à ces femmes la capacité d'acheter de meilleurs produits ; ceux que vos entreprises produisent ; et vous savez pour qui voter si vous voulez que nos usines tournent à plein régime, que nos entreprises embauchent et que les ventes s'enchaînent. Je suis le candidat du progrès, du développement, de la prospérité et de la stabilité. Une croissance stable dans un Rìgland social, voilà ma conception de notre avenir et elle n'a rien à envier aux déserts d'ambition que présenteront dans les prochains jours, mes adversaires. Je serai le candidat de la réconciliation entre travailleurs et rentiers, nous agirons de concert pour les intérêts de tous.
Mesdames et messieurs, je vous remercie.
Après cette intervention, le candidat alla discuter avec les patrons et quelques journalistes rìglandais qui couvraient l'événement pour la presse locale, en répondant pendant près d'une heure à leurs questions, leurs doutes et leurs demandes de précision.