Le Mouvement Révolutionnaire Citoyen - Section Saphyrienne de l'Internationale Communiste avait convié l'ensemble des formateurs et des formatrices du Parti à cette conférence, ainsi que l'ensemble des directions et éminences de micro-partis et formations de gauche, cette conférence était par ailleurs ouverte à tout un chacun et financée par le MRC -SSIC afin que les portes du Zénith demeurent ouvertes à tout un chacun. Au moment où l'éducation pour tous et toutes était violemment attaquée, ces formations populaires étaient d'une ardente nécessité.
Camarades, mes chers compatriotes !
Le Parti communiste est l'avant-garde de la classe ouvrière, c'est-à-dire sa fraction consciente, avancée, capable d'entraîner les grandes masses de travailleurs à la lutte pour renverser le capitalisme et édifier le socialisme. Vakémine écrivait : " En éduquant le parti ouvrier, le matérialisme dialectique éduque une avant-garde du prolétariat capable de prendre le pouvoir et de mener le peuple tout entier au socialisme, de diriger et d'organiser un régime nouveau, d'être l'éducateur, le guide et le chef de tous les travailleurs et exploités par l'organisation de leur vie sociale sans bourgeoisie et contre la bourgeoisie."
Le parti du prolétariat qu'est le parti communiste, étant de par sa nature un parti de classe, a en même temps de profondes racines non seulement dans le milieu ouvrier, mais aussi dans les autres couches du peuple. Les communistes ne sont pas des gens à part : ce sont des ouvriers ordinaires, des paysans, des travailleurs intellectuels, de simples gens du peuple. Mais ils se distinguent par une plus grande conscience, par leur fermeté idéologique et donc, par un plus grand esprit révolutionnaire ; ils sont prêts à supporter toutes les adversités au nom du noble idéal pour la réalisation duquel ils se sont unis. Les intérêts du peuple sont les leurs, ils prennent à cœur tout ce qui le préoccupe.
L'expérience historique montre qu'avant de devenir une véritable avant-garde, les partis révolutionnaires passent ordinairement par une série d'étapes de maturation politique et d'organisation. Au début, ils représentent le plus souvent des groupes de propagande. Ils travaillent principalement parmi leurs membres. Cela est indispensable pour assurer l'unité idéologique, former des cadres, mieux s'organiser. Puis c'est la période où les partis viennent aux masses, commencent à diriger la lutte gréviste, les actions de masse de la classe ouvrière. Cette période est très importante ; son avènement marque la fusion du mouvement ouvrier spontané avec les idées du socialisme, sa transformation en un mouvement de classe conscient, organisé. L'étape suivante est la transformation du parti en une force politique réelle, capable d'entraîner à sa suite non seulement la majorité de la classe ouvrière, mais aussi des masses considérables du peuple.
Dans certains pays capitalistes les partis communistes n'ont pas encore pu rallier à leurs côtés les grandes couches de la classe ouvrière, ils ne sont pas encore devenus des partis de masse. En tant qu'avant-garde groupant la portion la plus consciente de la classe ouvrière, ils jouent un rôle non négligeable dans la vie et la lutte des travailleurs. Mais il est évident qu'ils pourront jouer un rôle encore plus grand lorsqu'ils auront groupé autour d'eux les grandes masses. Alors ils deviendront la force politique qui amènera les travailleurs à l'affranchissement social, à la création d'une société nouvelle.
Les rythmes du passage du parti d'une étape à l'autre dépendent des conditions objectives aussi bien que de la justesse de sa propre politique, des capacités de ses dirigeants. L'aggravation de la crise générale du capitalisme et les succès des forces du socialisme, les progrès rapides de la maturité politique et de l'expérience des cadres du parti, créent à notre époque les prémisses nécessaires pour l'élévation accélérée de tous les partis communistes des pays capitalistes à un niveau supérieur de développement.
Du rôle que le Parti Communiste est appelé à jouer dans le mouvement ouvrier, de ses objectifs et de ses tâches, découlent les principes de son organisation. Les intérêts que défend le Parti Communiste, ce n'est pas une simple somme d'intérêts particuliers d'ouvriers ou de groupes d'ouvriers : ce sont les intérêts d'une classe entière, qui ne peuvent se manifester que par une volonté unique groupant une multitude d'actions isolées en une seule lutte commune. Unir toutes les forces, les orienter vers un but unique, unifier les actions dispersées des ouvriers et groupes d'ouvriers, seule peut le faire une direction centralisée.
" Une centralisation absolue et la plus rigoureuse discipline du prolétariat sont une des conditions essentielles pour vaincre la bourgeoisie" disait Vakémine. Mais la volonté unique au sein du parti ne peut être créée autrement que par la voie démocratique, c'est-à-dire s'appuyant sur la volonté des grandes masses du Parti.
Le centralisme démocratique signifie en pratique que tous les organismes dirigeants du parti, de la base au sommet sont élus ; que les organismes du parti sont tenus de faire périodiquement des comptes rendus d'activité devant leurs organisations du parti ; une sévère discipline du parti et la soumission de la minorité à la majorité ; les décisions des organismes supérieurs sont absolument obligatoires pour les organismes inférieurs.
Le principe du centralisme démocratique est à la base des statuts du Parti communiste, qui déterminent sa structure et ses formes d'organisation, les règles de sa vie intérieure, les modalités de l'activité pratique des organisations du Parti, les devoirs et les droits des membres du parti.
Les obligations du membre du Parti sont la pierre angulaire de sa structure. Pour autant que le parti communiste est appelé à s'acquitter des tâches grandioses de la refonte radicale de la société, il ne peut estimer suffisant le seul accord des adhérents avec son programme. Est communiste celui qui contribue activement à la réalisation du programme du Parti et travaille obligatoirement dans une de ses organisations, sous sa direction et son contrôle.
Les opportunistes ne formulent pas cette exigence à l'égard des membres de leurs partis. Tous les Partis Communistes s'inspirent du principe vakéministe d'adhésion. En même temps les conditions concrètes d'admission, les obligations imposées par tel ou tel parti communiste à ses membres, tiennent compte des particularités du pays, des traditions de son mouvement ouvrier. Les partis procèdent à l'admission de nouveaux membres activement et, en même temps avec circonspection, pour ne pas laisser pénétrer des agents provocateurs envoyées par la bourgeoisie, ou des aventuriers. Certains partis communistes procèdent annuellement à la reprise des cartes du Parti. Lorsque les conditions sont mûres pour y procéder, l'échange des cartes, qui a pour but de stimuler l'activité des communistes, de renforcer le travail dans les masses, permet de se débarrasser de ceux qui, en fait, ont cessé de militer dans l'organisation du Parti.
La vie intérieure du parti est organisée de façon que les communistes puissent participer le plus activement possible à son travail pratique. C'est là l'essence de la démocratie du parti. A cette fin les conditions nécessaires sont créées pour que les membres du parti aient la possibilité de discuter toutes les questions, de contrôler l'exécution des décisions prises, d'élire les dirigeants, de connaître et de vérifier leur activité.
Le parti communiste ne réduit pas la démocratie intérieure du Parti à la seule participation aux élections de la direction. Cette conception de la démocratie, répandue dans les partis sociaux-démocrates, est, au fond le transfert de la vie du parti des normes et règles du parlementarisme bourgeois. La démocratie active du parti communiste, c'est la démocratie de l'action unique active, c'est-à-dire une démocratie qui permet aux membres du parti non seulement de prendre part aux élections et aux débats, mais aussi de participer pratiquement à l'orientation du travail du parti.
Les cadres dirigeants du parti ne sont pas placés au-dessus du parti, mais se trouvent sous son contrôle. Dans les conditions de la démocratie, disait Vakémine, l'activité politique des militants est ouverte, comme les tréteaux de la scène devant les spectateurs d'un théâtre. " On sait que tel militant politique a eu tel ou tel début, qu'il a fait telle ou telle évolution, qu'à tel moment difficile de sa vie il s'est comporté de telle façon, qu'il se signale par telles ou telles qualités ; aussi tous les membres du parti peuvent-ils, en connaissance de cause, élire ce militant ou ne pas l'élire à tel ou tel poste du parti... Grâce à la "sélection naturelle" résultat d'une publicité absolue, de l'élection et du contrôle général, chaque militant se trouve en fin de compte "mis à sa place", assume la tâche la plus appropriée à ses forces et à ses capacités, supporte lui-même toutes les conséquences de ses fautes et démontre devant tous son aptitude à comprendre ses fautes et à les éviter."
Ainsi la démocratie du parti représente une condition essentielle pour former et choisir judicieusement les cadres dirigeants, pour les éduquer. En même temps, la démocratie est la garantie que la direction s'appuiera sur l'expérience collective, et ne reflétera pas seulement les vues personnelles de tel ou tel militant.
Une méthode très importante du travail du parti est la vaste discussion de toutes les questions de principe, l'élaboration collective des décisions. Cela est indispensable pour généraliser l'expérience, tirer au clair les insuffisances, pour que chacun soit convaincu de la justesse des décisions prises. Or toute discussion suppose une critique développée, c'est-à-dire la mise en lumière des défauts, la mise à nu de leurs racines et l'apport de suggestions pour les corriger. C'est précisément cette sérieuse critique qui permet d'aller de l'avant, d'éduquer les cadres comme il se doit. Mais le Parti distingue toujours la critique qui le renforce de celle qui l'affaiblit, qui se transformer en critique pour le plaisir de critiquer, en manie de la critique. En accordant la liberté de critique, en prenant des sanctions contre ceux l'étouffent, le Parti, en même temps, ne donne à personne le droit d'utiliser cette liberté pour affaiblir ses rangs.
Mais où est donc la ligne de démarcation qui sépare la critique utile de la critique nuisible ? C'est le programme du parti, ce sont les décisions du parti et ses statuts qui permettent de déterminer cette ligne de démarcation. En accordant des droits étendus à ses membres, le parti exige naturellement qu'ils soient à leur tour dévoués à son programme, à ses buts et idéals. Le parti n'admet pas qu'on prêche des vues antiparti, il estime que cette conduite est incompatible avec la qualité de membre du parti. Cette attitude ne sape-t-elle pas la démocratie, la liberté de parole des membres du parti ? Non, du point de vue des communistes, elle ne les sape pas. " Chacun est libre d'écrire et de dire tout ce qu'il lui plaît, sans la moindre restriction, écrivait Vakémine. Mais chaque union libre, y compris le Parti est libre aussi de chasser les membres qui se servent de leur titre des membres du parti pour prêcher des vues antiparti... Le parti est une union librement consentie, qui se serait fatalement désagrégée, d'abord idéologiquement, et puis matérielle, si elle ne s'épurait pas des membres qui prêches des vues antiparti."
Tant que la décision n'est pas prise, diverses opinions peuvent être formulées au sein du parti, des points de vue opposés peuvent s'affronter, mais lorsqu'une résolution est adoptée, tous les communistes agissent comme un seul homme. C'est là, l'essence de la discipline du parti, qui exige la soumission de la minorité à la majorité et donne aux décisions prises leur caractère obligatoire absolu. La discipline confère au parti l'organisation nécessaire, l'orientation unique dans les actions. Mais une discipline aveugle ne saurait garantir cela. Ce qui fait la force de la discipline du parti c'est qu'elle est consciente, parce qu'elle est basée sur la cohésion idéologique des communistes, sur l'approbation consciente des décisions du parti, à l'élaboration desquelles chaque communiste a pris une part active.
L'unité d'action ne signifie nullement qu'au sein du parti il ne peut y avoir des opinions différentes. Dans le cas contraire, le parti se transformerait d'organisation vivante en organisation morte. Différents points de vue, des divergences sur telles ou telles questions peuvent apparaître dans le travail quotidien. Cela est inévitable et admissible. La discipline du parti n'exige d'aucun de ses membres qu'il renonce à sa propre conviction, si cette conviction ne contredit pas les principes du matérialisme dialectique vakéministe. Mais elle fait un devoir au membre du parti de se soumettre aux décisions prises et de les appliquer consciencieusement, même s'il n'est pas d'accord avec elles ou s'il a proposé une autre solution. C'est l'expression associative du modèle social que défendent les communistes sous le nom de démocratie avancée. La discipline du parti exige également que les questions intérieures du parti ne soient pas discutées en dehors du parti. Toutes ces règles de la vie du parti sont nées de l'expérience du mouvement ouvrier, qui a montré de façon convaincante que, sans une discipline sévère, le parti politique de la classe ouvrière devient une organisation amorphe, incapable de diriger la lutte des travailleurs.
Au sein du parti des règles rigides ont été établies à l'égard de ceux qui ne se soumettent pas aux décisions prises. L'histoire des partis communistes connaît des cas où des membres isolés, en désaccord avec la ligne du parti, se constituaient en groupes particuliers et y établissaient leur propre discipline. Ces qui s'opposent à la majorité, s'appellent fractions. Dans les partis opportunistes, uniquement adaptés à l'activité parlementaire, l'existence de fractions est logique. Mais pour les partis communistes, organisations agissantes, combatives, admettre l'existence des fractions équivaudrait à renoncer à l'unité idéologique et à la direction de la lutte. Voilà pourquoi la formation de fractions est incompatible avec les exigences de la discipline du parti. La conception matérialiste dialectique vakéministe de l'importance de l'unité du parti a été très nettement exprimée dans la résolution du IIIe Congrès du Parti Communiste d'Union de Novgrad, écrite de la main de Vakémine. Cette résolution soulignait que tous les ouvriers conscients doivent comprendre clairement "combien est nocif et inadmissible tout esprit de fraction, qui conduit pratiquement et inévitablement à l'affaiblissement de l'action commune...", et recommandait, au cas où apparaîtrait un esprit de fraction, d'appliquer des sanctions, jusques et y compris l'exclusion du parti.
Ainsi dans les partis communistes un large démocratisme s'allie à une direction centralisée, la libre discussion à une discipline sévère et à l'unité d'action. La démocratie sans une direction centralisée fait du parti un club de discussion. Le centralisme sans la démocratie, ou avec une démocratie insuffisamment développée, engendre un bureaucratisme qui étouffe toute pensée vivante, comme c'est le cas en démocraties bourgeoises, comme la nôtre. Tandis qu'une juste combinaison de la démocratie et du centralisme garantit un large développement de l'activité, de l'initiative au sein du parti, et, du même coup, une direction ferme, si nécessaire dans la lutte politique.
Les formes concrètes sous lesquelles se manifeste le principe du centralisme démocratique changent selon les conditions historiques. Se référant à l'expérience de l'organisation des communistes sraves, Vakémine écrivait : "Cette organisation, tout en conservant sa structure fondamentale, savait adapter sa forme aux conditions changées, elle savait modifier cette forme selon les exigences du moment..."
Chaque parti communiste est un organisme vivant, qui se développe, qui perfectionne son activité et répond au principe dialectique d'autodynamique. Il n'appartient pas à toute organisation de se doter d'une action autodynamique qui ne soit pas le fruit des mouvements extérieurs et les partis communistes ont cette capacité. Le principe du centralisme démocratique dans la structure et la vie des partis communistes n'est pas du tout un schéma abstrait et immuable. Il leur permet d'organiser leur travail avec souplesse, conformément aux tâches qui s'imposent, aux particularités de chaque pays.