18 avr. 2019, 19:34
Meeting d'Henry Bachsson à la Grand Place de Mayne
Sous le soleil couchant d'une belle fin de soirée de printemps, une foule s'était rassemblée pour assister au lancement de la campagne du candidat Henry Bachsson. De nombreux curieux étaient présents, des personnes qui et parmi eux, beaucoup de militants du GRP et de ses alliés locaux étaient disséminés dans le public pour assurer que l'ambiance soit à la hauteur du discours du parti.
L'atmosphère était calme, et le brouhaha des discussions fit bientôt place à un silence curieux lorsque l'actuel Ministre-Président de Njördland monta sur le podium mis en place pour l'occasion.
Saphyriens, saphyriennes, compatriotes de la cité de Mayne, merci d'être venu ce soir !
Votre présence ici fait de moi un homme chanceux. Nous sommes chanceux, ici, au Saphyr. Parce qu'ici, dans ce pays à l'identité séculaire forte, nous n'avons pas honte d'être Saphyrien. Certes, les nationalistes ont tendances à être assimilés à des tyrans, pires au moins que ceux qui règnent en maître des puissances ennemies de notre pays.
Nous ne sommes pas des fanatiques, nous ne voulons pas. Et ceux d'entre vous qui nous connaissent peu et qui viennent faire le déplacement ce soir auront l'opportunité de découvrir notre mouvement et notre idéologie.
Le Grand Rassemblement des Patriotes s'oriente sur 3 commandements, 3 principes fondateurs qui font de ceux qui les suivent, qu'il adhère ou non à notre mouvance, un patriote qui au moins comprend notre cause.
L'intégrité est le premier de ces commandements.
Défenseurs de l'intégrité nationale et populaire que nous sommes, nous exigeons de chaque étranger le respect de tous les Saphyriens qui font la grandeur de notre pays, et ce n'est qu'en retour que nous nous engagerons à respecter les peuples d'ailleurs, ainsi que leur grandeur.
Nous ne défendrons jamais l'importation massive de "citoyens nouveaux", arrachés à leur nation pour s'implanter sur nos terres sans en adopter les lois et les traditions, au seul motif de bénéfices économiques théoriques. Non, l'argent ne doit pas dicter les moeurs des peuples, pas plus qu'elle ne doit justifier qu'on corrompre leur intégrité !
Une place dans notre nation au passé glorieux ne s'achète pas. Elle se gagne. Les seuls citoyens que la Nation doit servir sont les héritiers de ceux qui, comme nos soldats, comme feu mon frère, comme feu nos parents et nos grands parents, comme nos ancêtres qui ont fondé ce pays, ont versé leur sang pour la conquérir, ont donné leur sueur pour la bâtir, et ont mobilisé leurs esprits pour l'enrichir. Être Saphyrien est un honneur qui se mérite !
On entendit dans la foule les acclamations des militants les plus ardents, ainsi que des applaudissements plus marqués de la foule.
Mais intégrité rime avec respect. Les étrangers aussi doivent être tous respectés. Les peuples doivent être libres de mener leur propre nation à la grandeur, et non imposé de venir en étranger s'implanter dans une tierce nation qui n'est pas la leur. Chaque homme, chaque femme, chaque enfant porte en lui un sang ancestral, empli d'une grandeur passée et d'un héritage qu'il se doit de porter. Nul ne devrait être forcé à quitter la terre de ses ancêtres et à abandonner cet héritage. Et nul ne devrait avoir à abandonner son héritage sur ses propres terres. N'en voulez pas à ceux qui ont été amenés contre nous sur nos terres. Prenez-vous en à ceux qui, à tous ces politiciens et ces bien-penseurs qui sacrifierait beaucoup de leur mère-patrie pour un peu de pouvoir et d'argent.
Saphyriens, saphyriennes, ceux-là même tenteront de vous faire culpabiliser d'être patriote. Ils voudront empêcher vos enfants de suivre la voie que vos parents ont voulus pour eux autant qu'ils l'ont voulu pour vous. Gardez la tête haute, gardez les épaules droites, et à tout homme qui veut mettre à mal votre identité, criez votre fierté d'être Saphyrien !
Les applaudissements devinrent peu à peu moins timides à mesure que son propos touchait de plus en plus de curieux, et la place se bondait de plus en plus autour de la scène.
Nous, Saphyriens loyaux à notre pays, agissons selon un deuxième commandement. La Fidélité. C'est un serment ancien. Un serment d'appartenance à cette grande idée qu'est le Saphyr. L'idée d'une nation aux idéaux pures, aux racines millénaires, aux motivations nobles. D'une nation unifiée, respectueuse de ses anciens et des traditions qu'ils ont apportés à notre génération et que nous transmettrons aux générations avenir.
Saphyriens, restez vous mêmes, tels qu'on vous a toujours appris à l'être, et vous serez fidèles à cette nation. Ne vous inclinez pas et ne priez pas pour un Empereur. Ne soyez jamais fidèles qu'à votre patrie.
Henry souria en voyant l'air hésitant de ceux qui avaient été interpellés par son irrévérence envers l'Empereur.
Non, ne vous inclinez pas devant l'Empereur. Nous ne sommes pas des factieux, nous ne voulons pas la chute de la monarchie. Mais nous sommes seuls rationnels. Les Empereurs meurent. Long soit son règne, mais tôt ou tard l'Empereur Michael neuvième du nom mourra, comme les huit autres Michael avant lui, et comme tous les autres Empereurs de sa maison qui ont régné sur le Saphyr. Car les souverains meurent. Les gouvernants sont renversés. Les législateurs s'épuisent. Les partis disparaissent, les maisons nobles s'éteignent, les prêcheurs de bonne parole vieillissent et les envahisseurs vont et viennent aussi loin qu'on les laisse entrer. Seule une certitude, une perspective demeure.
Il laissa un silence s'installer, et le temps de s'éloigner un peu de son pupitre, il prit un des drapeaux qui ornait les bordures de la scène pour le montrer, bien en évidence. Il continua à discourir, la voix toute aussi forte, en prenant l'air de regarder attentivement l'étendard qu'il tenait dans les mains.
C'est celle d'une nation. De notre grande nation, le Saphyr. Patriotes au pouvoir, nous rappellerons au monde l'Empire que les Saphyriens, unis sous ce drapeau, ont été capables de fonder et de faire perdurer pendant des siècles. Que soit inculqué à chaque enfant l'amour de ce drapeau et de l'Histoire glorieuse qu'il représente, que soit puni d'outrage quiconque profite de sa gloire mais refuse de servir sous lui, et que soit mis aux fers en traître quiconque le souille par ses gestes ou ses propos ! Nous pouvons tous disparaître, mais elle, la nation, n'oubliera jamais !
N'oublions pas ce dont nous sommes capables !
En assénant sa dernière réplique d'une voix forte, il montra haut les couleurs du drapeau.
Les grandes nations puissantes comme la nôtre sont immortelles, mais elles ne sont pas invincibles. N'oublions pas non plus que la nation saphyrienne a déjà été attaquée par le passé, et ses ennemis n'hésiteront pas à l'attaquer de nouveau. Ses ennemis, nos ennemis, savent exactement comment nous atteindre. Ils savent semer les ferments de la division ; car c'est la division qui conduit les peuples à s'entretuer et entraîne leur perte.
Notre seule chance de sauver le Saphyr, et de perpétuer cette force qu'est notre identité, c'est l'Unité, compatriotes. Unis, nous serons les défenseurs invincibles d'une nation immortelle, pour toujours glorieuse !
A l'Unité !
"Unité !" entendait-on clamer dans le public, tandis que les acclamations s'intensifiaient.
Nous, patriotes unis, donneront nos vies à cette Nation. Et cette nation, à ces fidèles patriotes, jamais ne commettra de manquement !
Saphyriens, saphyriennes, la Nation n'attend plus. Saphyriens, saphyriennes, rassemblez-vous, unissez-vous !
Sous les applaudissements et les clameurs alimentés par les militants dans le public, il leva haut le drapeau qu'il tenait et reprit de plus belle.
Et le moment venu, choisissez votre Nation et ses partisans, et personne d'autre. Votez et marchez pour notre pays, et permettez-nous, vos élus patriotes et militants du GRP, d'être vos portes-étendards !
Pour la Patrie !
Henry Bachsson leva le poing et fut rapidement imité par ses partisans en signe de ralliement. D'une voix, les militants répétèrent le slogan "Pour la Patrie", sous un tonnerre d'applaudissements et d'acclamation, tandis que les drapeaux s'agitaient haut dans toute l'assemblée.