13 févr. 2023, 18:37
Pour son premier déplacement officiel de campagne, là Ministre Présidente sortante Sarah Kalpije-Ranhört avait décidé de se rendre au sein de l’école publique de l’Impératrice Snofrid la Grande, dans la banlieue nord de Mayne. Au milieu de quartiers populaires, parfois hostiles au gouvernement de la Coalition des Mouvements Démocrates, elle venait la pour défendre sa politique d’humanité et d’équilibre, tant sur le plan économique que sur celui des valeurs.
C’est donc après une marche d’une heure dans les quartiers alentours que la surnommée « SKR » amorça sa visite officielle par une rencontre avec les enseignants, puis en se rendant au tableau d’une des salles de classe pour répondre à quelques questions des élèves. Elle-même mère de trois enfants, l’a Ministre-Presidente affectiona ce temps décontracté mais important pour parler à une jeunesse qui demain, façonnerait la vie politique de la principauté.
Enfin, c’est après un bon repas à la cantine de l’école, elle se rendit finalement devant le parvis de l’école pour prendre la parole dans une conférence de presse soigneusement planifiée. S’avançant avec détermination devant les micros tendus, elle tendit le bras vers l’école en montant sur scène et agita la main pour saluer les élèves et les enseignants, puis se posa au pupitre et entama avec clarté et calme son discours.
Mes chers amis, c’est un véritable plaisir de me retrouver aujourd’hui devant vous, qui constituez l’âme de l’avenir de notre principauté, en formant chaque jour notre jeunesse. L’éducation constitue un thème qui m’est cher : en effet, elle permet de former nos citoyens à l’histoire de notre empire, aux fondements de nos institutions, et à l’esprit civique de nos valeurs. L’éducation est un puissant levier de développement économique, de transformation sociale et de stabilité institutionnelle : aussi, il est nécessaire que nos pouvoirs publics s’en saisissent, sans idéologie ni dédain, mais dans une volonté de défendre l’esprit critique et de favoriser l’émancipation individuelle de nos élèves.
Mais dans un climat politique envahi par le retour d’idées nauséabondes et racistes, véhiculées par un parti ouvertement xénophobe qui prétend que notre communauté nationale se construit par l’exclusion de l’altérité, l’éducation doit plus que jamais être un outil de tolérance et d’ouverture. Car derrière la démagogie du GRP se cache l’hydre dangereuse du nationalisme et de l’autoritarisme : un projet de fermeture de notre Empire sur lui-même, de discrimination instaurée au sein de la société, de criminalisation de l’action syndicale : les excès du GRP ont été maintes fois démontrés sous le gouvernement de Leon Hansen : il ne peut y avoir d’amélioration sous son successeur Ethan Frogbersson.
Face à la propagation de ces idées extrémistes, charriées dans le vent par ces adversaires du jeu démocratique, nos réalisations démontrent que la prospérité passe pourtant par l’humanité, l’inclusion et la modération. Durant ces six dernières années, nous avons avancé, sur les droits des femmes et des minorités, sur la transition climatique, sur le développement économique et social, sur la productivité agricole et l’ambition solidaire de notre principauté : ces avancées sont massives, et je ne peux que saluer nos équipes et les remercier pour le travail accompli.
Mais un autre combat s’ouvre désormais, en plus des enjeux économiques et sociaux, qui conserveront toute leur place dans notre agenda politique : la question des valeurs : voulons-nous une principauté tolérante, ouverte sur le monde, véhiculant des valeurs de progrès et d’humanité, ou une principauté renfermée sur elle-même, tombant dans la boue de la régression sociale et des querelles intestines ? Je crois que notre choix collectif est évident. Et l’éducation doit jouer un rôle dans ce choix, en luttant contre le racisme, l’homophobie, et toutes les formes de discriminations pouvant exister.
Afin de compléter le plan de pénalisation du harcèlement de rue et des violences sexuelles et sexistes adopté sous notre mandature, nous nous attaquerons ainsi à la source des discriminations, en insérant une éducation à la tolérance dans nos écoles primaires, dans nos collèges et dans nos lycées. Ces modules prendront la forme dès l’école primaire d’un apprentissage de l’égalité entre les femmes et les hommes, ainsi que de l’existence d’orientations sexuelles différentes et légitimes, au sein des cours d’éducation civique déjà prévus dans les programmes saphyriens. Les thèmes du racisme et des discriminations seront également abordés, sous la forme de cas concrets et d’un accent mis sur l’universalisme et la capacité à voir chaque individu comme possédant des droits égaux et des qualités qui ne peuvent se fondées sur ses caractéristiques ethniques, sexuées ou religieuses.
Ces modules seront complétés au collège puis au lycée, notamment avec une éducation à la notion de consentement dans les cours d’éducation sexuelle dispensés par nos professeurs de biologie. Ils se baseront sur la progressivité des apprentissages et la recherche d’un dialogue avec les élèves, autour des meilleures manières de faire vivre ces valeurs de tolérance et d’inclusion dans le débat démocratique. Notre objectif est de transcender les communautés, pour rechercher au cœur de notre conception l’individu dans sa valeur intime, et dans son égalité souveraine.
Ministre-Présidente, je resterais une femme d’ouverture, de raison et d’humanité. Pour traduire ces enseignements en acte, nous instaurerons dans les écoles publiques, collèges et lycées des référents chargés de la prévention des violences sexuelles ou discriminatoires, qui pourront enregistrer les plaintes d’élèves, les accompagner dans leurs démarches et saisir au nécessaire les autorités éducatives et judiciaires. Le contenu des formations comme des missions de ces référents, ainsi que les programmes des modules d’égalité, seront discutés annuellement par une commission incluant des responsables associatifs et des représentants de la communauté éducative, sous la coordination du secrétaire aux affaires éducatives et culturelles.
Mes chers amis, je ne crois pas qu’il existe une fatalité à voir le nationalisme revenir ronger ces terres. Je crois au contraire que l’ouverture à la lumière vaut mieux que le camp des ombres autoritaires, je crois que tendre la main à son prochain vaut mieux que couper l’herbe sous le pied de l’étranger, je crois oui, que la communauté nationale patriote est celle qui inclut tous ceux qui veulent contribuer à sa grandeur, pas celle qui exclue ou discriminent ceux qu’une petite minorité juge indésirable. Ne laissez jamais personne vous dire, à cause de ce que vous êtes, d’où vous venez, de ce en quoi vous croyez, que vous ne valez rien, ou moins que autre : voilà le sens de mon message, voilà le sens de ma proposition : et je crois que pour le faire entendre, seul un vote massif en faveur de ce progrès fera triompher notre liberté.
Sarah redescendit finalement de l’estrade sous les applaudissements, et répondit aux questions de la presse avant de retourner échanger quelques mots avec les enseignants et les élèves encore présents, satisfaite de ce déplacement et déterminée à continuer avec encore davantage d’ardeur sa campagne.
Présidente du Conseil de Sa Majesté Impériale Victor IerSénatrice Impériale de la LXXVIe Législature
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Ancienne Ministre-Présidente du Njördland (206-213)
Ancienne Maitresse des Ports du Prince du Njördland (203-206)